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VI

Nous pourrions prolonger encore beaucoup l’énumération des types géologiques reconnaissables parmi les pierres tombées du ciel ; mais, tenant à épargner à nos lecteurs des descriptions trop minutieuses, nous nous bornerons à conclure des faits précédens quelques notions relatives à ce milieu d’où les météorites se signalent si nettement comme étant des produits détachés.

Guidés par les notions de la géologie terrestre et éclairés chaque fois par la ressemblance des échantillons cosmiques avec les roches provenant de notre propre sol, nous pouvons proclamer d’abord que, contrairement à une opinion des chimistes qui les premiers analysèrent des météorites, celles-ci ne se sont pas produites dans l’espace céleste indépendamment les unes des autres et par des réactions spéciales.

Ce fut, en effet, une opinion émise par des savans distingués que ces météorites devaient constituer comme des résidus de fabrication des planètes, des copeaux (c’est l’expression employée) qui s’étaient trouvés en trop, — une fois le système solaire constitué. Sans insister sur l’incompatibilité d’une semblable faute d’ordonnancement avec la majestueuse harmonie des choses de l’Univers, on remarquera combien les faits énumérés tout à l’heure les contredisent : nous sommes sûrs maintenant de la coexistence dans la même météorite de toute une série de types de roches cosmiques. Ces relations stratigraphiques ne sauraient être précisées jusque dans les détails ; mais on est à même d’en résumer les caractères les plus généraux.

Tout d’abord, le milieu originaire des météorites ne peut être conçu autrement que sous la forme d’un globe dans lequel des massifs de roches étaient associés, comme sont associées les roches dans l’écorce terrestre. Parmi elles, les plus anciennes, où l’analyse retrouve les élémens caractéristiques décelés par le spectroscope dans la photosphère du Soleil, se sont certainement constituées par la condensation brusque et la cristallisation confuse de vapeurs convenablement composées : c’est ce dont la synthèse minéralogique m’a fourni la preuve la plus complète. Ces roches ont été le siège de réactions chimiques successives et qui se sont continuées assez longtemps pour déterminer des