Les apôtres de la culture du riz n’ont pas moins d’enthousiasme que les exportateurs de bœufs, et cependant, la prudence ne leur est pas moins nécessaire. Ils voudraient réserver à Madagascar la vente des quelques dizaines de mille tonnes qui s’importent à Maurice, aux Seychelles, à Zanzibar, à la Réunion, et le gouvernement favorise par tous ses moyens le développement des rizières dans l’île. Or, la capacité de production des pays d’Extrême-Orient, tels que le delta du Gange, la Basse-Birmanie, le Siam, la Cochinchine, est presque sans limites ; ils sont sillonnés par un réseau très serré de voies navigables où les transports sont à très bas prix, et sont desservis par d’innombrables navires marchands. Ils peuvent donc suffire à toutes les demandes et conserver leur clientèle habituelle. Pour leur enlever celle des contrées de l’océan Indien qui sont leurs tributaires, il faudrait que les riz malgaches, dont l’excellente qualité est indiscutable, se récoltassent en abondance, fussent transportables à bon compte jusqu’aux ports de mer, trouvassent des facilités de chargement capables de réduire les frais de manutention. Ce n’est donc pas dans l’intérieur des terres, sur les hauts plateaux, que les planteurs doivent porter leurs efforts, mais plutôt sur la zone côtière et surtout dans la région des Pangalanes, de Tamatave à Vatomandry, où la nature du pays est identique à celle de la presqu’île de Camâu que les Annamites utilisent si adroitement. Nos riz, transportés en barque jusqu’à Tamatave sans rompre charge, éviteraient ainsi les tarifs prohibitifs des charrettes et même du chemin de fer. Ils remplaceraient à la Réunion, à Maurice, aux Seychelles, à Zanzibar les riz annamites, siamois ou birmans et se présenteraient en Europe à îles prix acceptables.
Les pierres précieuses pourront aussi fournir, pour quelques-uns de nos compatriotes, les élémens d’un commerce fructueux. La production artificielle du rubis et du saphir donnera sans doute la vogue à des gemmes moins réputées. La région comprise entre Ambositra et Antsirabe est riche en tourmaline, en cristal de roche ; on y trouve en abondance les béryls jaunes et roses, les améthystes, les turquoises, les émeraudes ; les rubellites y sont communs et vont du rose pâle au rouge vif. Après des études sérieuses et des essais concluans, quelques prospecteurs ont tenté d’introduire ces pierres sur les marchés européens. Quoique les préférences du grand public se portent