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toujours sur les produits de Ceylan, de Xieng-Hong en Birmanie, de Pai-Lin au Siam, qui ne leur sont guère supérieurs, joailliers et lapidaires manifestent moins de préventions et commencent à composer, avec les pierreries malgaches, des bijoux élégans et d’un prix rémunérateur.

L’initiative de nos commerçans à Madagascar s’est encore exercée sur de nombreux articles qui leur ont causé des déceptions ou leur donnent des espérances. Les chapeaux indigènes, tissés avec des pailles spéciales, ont été prônés comme égaux ou supérieurs aux guayaquils et aux panamas les plus réputés ; après une courte vogue, les chapeliers de France ne les acceptent plus que pour une clientèle dont, l’importance diminue chaque jour. Les étoffes en rabane bénéficient d’un engouement passager et n’enrichiront personne. Plus importans seraient les profits qui résulteraient du pétrole et du charbon ! que des chercheurs modestes et des syndicats bien organisés, où l’élément anglo-américain serait en majorité, assurent avoir découvert dans les districts occidentaux de l’île. Les rendemens seraient énormes et l’exportation s’annoncerait facile grâce à la proximité de cours d’eau navigables jusqu’à la mer. Doit-on considérer ces rapports sensationnels comme un prologue de spéculations semblables à celles que l’or a déjà causées à Madagascar, ou comme des pronostics sérieux dont la réalisation par des capitalistes avertis modifiera l’avenir économique du pays ? En réalité, on ignore encore la valeur exacte des gisemens signalés. Houille et pétrole seraient cependant pour notre colonie des facteurs de richesses plus précieux que des filons aurifères. L’Afrique méridionale tout entière, où la vie industrielle est si intense, les îles de l’océan Indien, les escales des lignes de navigation depuis Aden jusqu’au Cap et même jusqu’à Singapore. deviendraient, pour ces deux produits si nécessaires, les cliens de Madagascar.


III

Quelles que soient d’ailleurs les possibilités naturelles d’expansion économique du pays, l’initiative et l’activité de nos capitalistes et de nos colons ne suffiront pas à les transformer en réalisations pratiques et fructueuses. L’intervention et l’appui du gouvernement sont indispensables pour donner à