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camp retranché. Tamatave et Majunga sont considérés, au contraire, comme les portes ouvertes entre Madagascar et le monde extérieur. Les préférences que, suivant les nécessités de la politique ou du moment, on a manifestées pour l’une ou l’autre de ces villes naissantes, ont empêché toute organisation sérieuse et développé seulement les rivalités locales. Actuellement, on s’efforce de tenir en équilibre la balance des faveurs administratives, et si Tamatave communique avec l’intérieur par un chemin de fer, Majunga est relié à la capitale par un service automobile. Mais, tandis qu’on augmentait les facilités d’accès vers les hautes régions, on n’a pas amélioré l’outillage maritime, et les doux principaux ports de Madagascar sont toujours ce que les a faits la nature. A Majunga, les navires mouillent à un mille environ de la ville, dans l’estuaire où les vents alternatifs de mer et de terre rendent les opérations d’embarquement et de débarquement lentes et difficiles, La création récente d’une ligne secondaire de navigation qui a Majunga comme port d’attache et relie deux fois par mois la côte occidentale de l’île à Zanzibar, Béïra et Durban, ne paraît pas une raison suffisante pour l’exécution de travaux indispensables.

Tamatave n’est pas mieux partagé. La rade, mal protégée par l’île aux Prunes et par un long récif corallien, est exposée aux cyclones si fréquens d’ans ces régions, et presque toujours agitée par une houle gênante pour les chalands et les chaloupes qui sont les intermédiaires entre les quais et les navires ancrés à près d’un kilomètre de la terre. Un wharf inutile, long de six cents mètres, s’avance dans la mer, témoignage irrécusable des résultats de l’incompétence en matière de travaux publics. De même qu’à Majunga, on cherche en vain l’outillage pratique et puissant qu’une administration habile, des Chambres de commerce prévoyantes auraient dû prodiguer pour supprimer les défauts naturels d’un site mal choisi ou peu favorisé. Le balisage et l’éclairage sont insuffisans ; les navires ne peuvent entrer et sortir pendant la nuit ; les transbordemens sont nombreux ; les manipulations, le magasinage des marchandises sont incommodes et rudimentaires.

La médiocre valeur des trois plus grands ports de Madagascar fait deviner combien sont précaires les autres points de relâche disséminés sur les côtes, aux environs desquels se groupent les colons et les populations indigènes de la région maritime.