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un pays sans ressources ; l’épaisseur et l’insalubrité des forêts rendaient presque impossibles les recherches du tracé qui fut trop strictement adapté au terrain, pour des raisons financières aggravées par l’inexpérience de quelques agens. Elle suffit aux exigences d’un trafic encore peu important, mais elle devra être reconstruite sur une grande partie de sa longueur, si le développement économique du pays suit la progression ascendante qu’on nous promet. Toutefois, dans son état actuel, son influence est considérable : malgré l’élévation relative des tarifs du chemin de fer et du canal, les prix de transport pour une tonne de marchandises ont été réduits de 1200 francs en 4896 à 300 francs aujourd’hui ; la durée du voyage est abaissée de une ou deux semaines, suivant la saison, à deux jours.

La côte occidentale est moins bien desservie. Majunga, qui avait rêvé d’être la tête de ligne du premier chemin de fer malgache, n’est relié à Tananarive que par des voies de communication dont la diversité, la pittoresque incertitude ne justifient pas la satisfaction officielle de nos gouvernans. Une route à peu près carrossable, un service fluvial incommode et rudimentaire, ne suffiront pas pour rendre à Majunga la place prépondérante dans l’île, que Tamatave a déjà prise, et que les souvenirs de la conquête, la situation géographique semblaient lui réserver. Les petites chaloupes ou les pirogues qui bravent, sur la Betsiboka, les courans de la saison des pluies, les bancs de sable et les caïmans de la saison sèche entre Majunga et Mevatanana, les automobiles qui circulent entre cette ville et la capitale, peuvent bien servir à transporter le courrier postal ou quelques voyageurs pressés, mais ne sauraient être utilisées pour les relations commerciales. Le chemin de fer réunissant à travers l’Emyrne les deux ports rivaux existera sans doute un jour, compris dans le réseau formé d’une ligne centrale courant du Nord au Sud qui enverrait des embranchemens vers les villes côtières, mais la réalisation de ce projet dépend d’une prospérité financière aujourd’hui peu probable. Les desseins de l’administration sont moins ambitieux, et l’exécution de routes est, en matière de travaux publics, le principal souci de nos gouvernans.

Sans chemins, sans transports possibles, la colonie est incapable de vivre et de se développer. Aussi a-t-on fait grand bruit au sujet de 700 kilomètres de voies carrossables dont l’autorité française a déjà doté Madagascar ; toutefois, il faut bien le