Lorsque nous avons donné, à ce type si original et si nouveau, son nom germanique en l’appelant la belle âme, il est clair qu’en parlant de la belle âme de Corinne ou de Bettina d’Arnim, nous ne prenions pas ce mot dans le sens général où l’on peut dire que Socrate, par exemple, et Epaminondas furent des belles âmes.
C’est en Allemagne peut-être que Corinne a eu le plus de sœurs et de cousines ; car l’Allemagne est le pays qui ressentit le plus fortement le contre-coup de la Révolution française ou, pour mieux dire, l’esprit nouveau qui enfanta cette Révolution, se manifesta également de l’autre côté du Rhin sous des formes appropriées au génie germanique, si bien que les mêmes phénomènes moraux et intellectuels se produisirent simultanément dans les deux pays. Et comme preuve de cette sympathie presque magnétique qui existait entre les deux nations, on peut alléguer que les grands penseurs allemands contemporains de la Révolution française en ont mieux défini le génie qu’elle n’était en état de le faire elle-même. Aussi n’est-il pas étonnant que