ainsi que s’exercent le patronage de l’Association Valentin Haüy et celui de la Société des ateliers d’aveugles. L’association Valentin Haüy a secondé de cette manière, en 1908, 136 ouvriers pour lesquels elle a écoulé près de 40 000 francs de marchandises. Elle a plusieurs dépôts à Paris et dans les grandes villes. Quant à la Société des ateliers d’aveugles, elle reste en relation avec les apprentis qui sont sortis de son école. La valeur des marchandises qu’elle a écoulées pour eux en 1908 monte à plus de 200 000 francs.
Aidés de ces patronages à leurs débuts, quelques brossiers sont parvenus à se tirer d’affaire et à se passer de toute aide. Il en est qui sont aujourd’hui à la tête d’un petit magasin où ils vendent leurs propres produits ; d’autres dirigent de petits ateliers où ils font travailler pour leur compte quelques ouvriers clairvoyans. Il est certain cependant que la situation de la plupart d’entre eux reste très précaire.
Ce patronage du travail à domicile est préféré par certains ouvriers. Mais, pour la plupart, le travail en atelier est plus avantageux. L’Association Valentin Haüy et la Société des ateliers d’aveugles, bien qu’elles n’aient pas encore pu en créer, ont toujours souhaité de voir se multiplier les ateliers d’aveugles, non plus des ateliers d’apprentis, mais des ateliers de travailleurs. Le principe de ces ateliers est simple : il s’agit d’augmenter la production de l’ouvrier et de rendre sa vie moins coûteuse.
On augmente la production des ouvriers en les spécialisant, et en adjoignant à l’atelier un ouvrier clairvoyant qui se chargera de certains détails du travail que la cécité ne permet d’exécuter qu’avec beaucoup de lenteur. On réduit le coût de la vie en groupant les travailleurs auprès de leur atelier, ce qui supprime les frais de guide et de déplacement, et en diminuant le plus possible, au moyen de coopératives, de cantines, etc., le prix de la nourriture et des logemens, tout cela bien entendu en outre des avantages précités : l’atelier paie la matière première au prix de gros, et les produits sont écoulés en commun.
Rien n’est plus rationnel qu’un pareil plan, et c’est de ce côté qu’il faut chercher la solution. Mais, ne nous y trompons pas, la création d’ateliers de ce genre est chose complexe et singulièrement délicate. Elle suppose réalisées d’assez nombreuses conditions. Tout d’abord, les frais généraux doivent être