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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/148

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coreligionnaires vieux-catholiques et sacré à Rotterdam, le 11 août, par l’évêque janséniste de Deventer. Un billet de Guillaume daté du 19 septembre fit savoir à tous les présidens supérieurs, présidens et fonctionnaires administratifs, à tous les vassaux et sujets, qu’ils devaient reconnaître et honorer Reinkens comme évêque « catholique ; » sans le Pape, à l’encontre du Pape, le gouvernement prussien disposait de ce nom de « catholique » et de ce titre d’« évêque, » et attribuait à Reinkens les mêmes prérogatives qu’aux membres légitimes de la hiérarchie romaine. La Gazette Générale de l’Allemagne du Nord inclinait son admiration devant cet « évêque missionnaire de toute l’Allemagne que venaient d’élire, à la manière antique, des clercs et des laïques patriotes, et qui, dans son premier mandement, s’affichait comme un loyal Allemand, avec un cœur allemand et une langue allemande ; » elle vaticinait sur ce grand événement ; elle reconstituait le décret même par lequel « la Sagesse éternelle » semblait l’avoir préparé, en vue de l’unité religieuse de l’Allemagne ; et comme le gouvernement de Guillaume se faisait l’auxiliaire de cette Sagesse, comme bientôt, par l’effet des lois de Mai, beaucoup de communes seraient sans prêtres, comme on n’y saurait plus comment se marier, ni comment faire baptiser ou inhumer les siens, la Gazette prédisait que le peuple demanderait à Reinkens des curés, et qu’un jour les générations formées par ces curés-là tendraient la main aux protestans « pour l’édification d’une Église allemande qui bannirait les contradictions dogmatiques et le fatras des formules. »

Un évêque désormais existait, que Sa Majesté qualifiait de catholique, et qui pourrait légalement, à l’écart du Pape et des évêques, donner aux catholiques des curés et combler les vides douloureux et béans, chaque jour multipliés dans l’Eglise par l’application des lois. Le jugement rendu le 24 mai précédent par le tribunal suprême de Prusse, et d’après lequel les outrages contre les vieux-catholiques tombaient sous le coup de la loi qui punissait les outrages contre les catholiques, était ainsi définitivement ratifié. Politiquement, la Prusse distinguait entre les catholiques romains qu’elle persécutait, et les vieux-catholiques qu’elle inclinait à protéger ; juridiquement, au contraire, elle les assimilait les uns aux autres et créait ainsi des occasions nouvelles de tracasser les premiers.

On prenait par exemple le texte du serment que depuis de