peut-être, à la curiosité de mieux connaître ces ennemis contre qui dix mois durant il avait pris d’ingrates mesures ? Dans un repos recueilli, Boon regarda la papauté. La « superstition, » les anathèmes, lui demeurèrent odieux ; mais il éprouva quelque admiration pour la « vigueur et l’autorité » du papisme. « Où trouver ailleurs, écrivait-il même, une force qui mette en branle tous les ressorts moraux du christianisme ? C’est de quoi l’Etat moderne est incapable ; ce qui lui fait défaut, tout comme à l’Etat antique, c’est un point d’attache transcendant ; avec de simples paragraphes de loi, on ne peut rien faire. » C’est ainsi que le maréchal Roon, quelques mois seulement après avoir fait voter les lois de Mai par les nationaux-libéraux, s’abandonnait à des méditations sur la faiblesse des pouvoirs qui ne s’appuient plus à Dieu, sur la fragilité des textes législatifs, sur l’impuissance morale de l’Etat moderne, et sur l’efficacité de l’action chrétienne exercée par le « papisme. »
Bismarck avait repris sa place à la table des ministres, lorsque le nouveau Landtag s’ouvrit. Le premier soin de Windthorst fut de réclamer que les élections à cette Chambre fussent faites désormais par le suffrage universel, direct et secret ; un autre catholique, Schroeder, demandait que les membres du Reichstag reçussent un traitement et fussent indemnisés de leurs voyages.
Au grand scandale du protestant Gerlach, à qui tout courant démocratique faisait peur, le Centre voulait développer l’influence politique des masses profondes, protéger la dignité des élus, faciliter aux députés peu aisés l’exercice de leur mandat ; c’étaient là des vœux qui répondaient au programme électoral émis dès 1867 par les nationaux-libéraux et qui auraient pu s’appuyer aussi sur certains écrits et discours de Bismarck, datant de 1866, 1867, 1869, et dirigés contre le système de vote par classes ; mais la proposition Windthorst était ajournée à six mois, et la proposition Schroeder était évincée. Toute réforme demandée par les « cléricaux » paraissait dangereuse. Lasker, sans ambages, en faisait l’aveu.
« Nous sommes ici pour tout le pays, insistait Windthorst, et pour apprécier les motions avec calme et impartialité, non en regardant si elles viennent de tel ou tel parti. » Mais cette