insolentes que l’on ait jamais adressées à un roi de Prusse. Quand ces demandes émanent de sujets directs de l’Empereur, quand des Prussiens s’oublient jusqu’à faire de semblables propositions à leur Roi, on peut voir par-là combien l’ultramontanisme s’est éloigné des fondemens de notre vie politique ; cet outrage ne tombe pas sous le coup du code pénal, mais il est condamné par la loi morale de notre temps. »
Etranges commentaires, en vérité, et singulièrement offensans pour l’initiative du Parlement. Au début du Kulturkampf, et pour engager la lutte, Bismarck avait allégué la nécessité d’avoir égard aux désirs de la majorité parlementaire ; aujourd’hui que le Centre préparait une action légale, soit pour amener à résipiscence cette majorité, soit pour la changer, l’action légale du Centre était considérée comme une atteinte à l’intangible volonté du souverain, et l’historien Treitschke, notant les acclamations par lesquelles les évêques, la Pologne et la presse de France avaient accueilli la motion du Centre, dénonçait une fois de plus les complicités de ce parti.
Windthorst, avant de se taire, avait insidieusement annoncé comme imminent un projet de loi sur le mariage civil. « A nous, disait-il tout doucement, cela ne nous fait plus rien ; mais cela fera du mal à l’Eglise évangélique. Je me suis permis de le dire, parce que je voudrais, dans une légère mesure, lui adoucir le coup. » Il était au courant : ce jour-là même, Guillaume, cédant à Falk, signait le projet de loi qui établissait le mariage civil et qui permettait par-là même aux nombreux protestans, détachés de toute Eglise, de convoler désormais en justes noces, sans s’adresser à un pasteur. L’Eglise évangélique fut très morose et se sentit blessée. Elle pâtissait des mesures qu’avait prises l’Etat contre l’Eglise catholique. Qu’on retirât ces mesures comme le demandait Windthorst, qu’on laissât libres d’être curés les prêtres que désignait l’évêque, et qu’on reconnût valides, enfin, les unions bénies par eux : immédiatement, on n’aurait plus besoin du mariage civil. Mais cela ne se pouvait point : dût-on même à ce prix rassurer l’Eglise évangélique, on ne s’abaisserait point à capituler devant l’Eglise catholique.
Bismarck en personne le signifia au Landtag, dans la séance du 17 décembre. Il parla des grandes luttes intérieures qu’il avait subies : il avoua ne réclamer le mariage civil qu’à contre-cœur. « Mais j’ai appris, expliquait-il, à soumettre mes convictions