à la plus stricte et rigide discipline. Albert avait à peine onze ans quand il perdit sa mère ; il retrouva, quelques années après, chez la seconde femme de son père une tendresse et des soins qui adoucirent l’amertume de cette perte. A celle qui avait assumé la tâche de former sa jeunesse il voua une gratitude, un culte respectueux, qui ne se démentirent jamais.
Sauf de rares exceptions, rien ne ressemble plus à l’enfance d’un homme ordinaire que l’enfance d’un homme supérieur. L’exemple de Vandal n’est pas pour infirmer la règle. On se rappelle toutefois que, dans ce premier âge, il témoignait peu d’empressement à s’associer aux ébats de ses jeunes camarades et que son grand plaisir était d’errer tout seul dans des coins écartés, une baguette à la main, en se racontant des histoires, et spécialement des contes de fées. Il faut noter ce goût du merveilleux chez celui qui sera plus tard l’historien de Napoléon, et il faut noter aussi l’origine d’une particularité, bien connue de tous ceux qui ont vécu près de Vandal : je veux parler de ces fragiles baguettes de coudrier, qui ne quittaient jamais sa table de travail, qu’il emportait dans tous ses déplacemens. Quand il préparait un ouvrage, il arpentait la chambre, tournant une baguette dans ses doigts, et composait ainsi la page qu’il écrirait ensuite ; l’inspiration ne lui venait qu’avec cet adjuvant. Il a longtemps rougi de cette manie inoffensive, jusqu’au jour où il découvrit que Mme de Staël, avant lui, avait eu cette même habitude, ce qui lui fut d’une grande consolation. Dirai-je encore qu’au lycée Bonaparte, aujourd’hui Condorcet, où il fit ses études, son professeur de rhétorique, M. Gaucher, homme d’esprit> lettré délicat, avait coutume de lire à sa classe, chaque semaine, l’un des « discours français » de son brillant élève, en le proposant pour modèle ? L’année 1870, Vandal, avec un de ses condisciples, reçut mission de composer les vers traditionnels pour la Saint-Charlemagne. En couplets alternés, ils célébrèrent à qui mieux mieux, l’un les beautés de l’externat, les douceurs de l’indépendance, l’autre les rudes bienfaits de l’internement au collège et les joies austères de la règle. Le chantre de la fantaisie était Albert Vandal : le fervent amoureux de l’ordre et de la discipline s’appelait Francis de Pressensé.
Le premier prix d’histoire que Vandal remporta, cette même année, au concours général, fut l’occasion de ses débuts dans la littérature. Son père, pour récompense, lui promit dès lors un