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LES MASQUES ET LES VISAGES

PORTRAITS DE FLORENTINES
LE LONG DE LA SEINE ET DE L’ARNO

II[1]
XVIe SIÈCLE

Ce sont d’autres figures que nous montrent les portraits du XVIe siècle. Ce ne sont plus des profils purs, frappés commodes médailles, sur un fond d’Évangile ou de nature ; ces profils où les saillies révélatrices du caractère se lisent comme sur un plan en relief, ces fonds de tableau où cheminent, comme des idées vivantes, les saintes patronnes, les nymphes, où se déroulent les devises, où s’ébattent des amours. Au XVIe siècle, les portraits sont des faces : dès lors les plans osseux, vus en perspective aplatie, se confondent ; le fond est irréel le plus souvent et, en tout cas, désert. La femme ne vit plus dans sa vie coutumière, ni dans son rêve, mais détachée de son milieu, n’en gardant que la toilette. Pour deviner la construction du visage, nous en sommes réduits à ce qu’on peut en voir par la face, et aux yeux. La face, c’est déjà un masque : les yeux seuls, ou plutôt l’entour des yeux, laissent passer, malgré toutes les précautions, des lueurs d’âme et, s’ils n’en laissent point passer du tout, si le

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.