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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/425

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moduler ses variations sur ce thème connu : Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Il écrivait le 2 octobre : « Le nom du prince de Conti et le bruit répandu des avantages que son élection produirait à la Pologne, ont absolument renversé les pratiques du prince Jacques, et la faction de V. M. devient si forte que les deux autres en seront facilement surmontées. »… « La Reine (de Pologne) et le prince Jacques (son fils) ont remué ciel et terre pour faire changer le terme de l’élection… C’est en vue de M. le prince de Conti surtout qu’on l’a reculée, tant pour éviter les surprises que pour me donner le temps d’agir en sa faveur[1]… » Je suis assuré déjà « de la meilleure partie du Sénat et des gentilshommes les plus considérables. »

Le 24 octobre, le cardinal primat Radziejowski, l’évêque de Plosk, Casimir Sapieha, palatin de Vilna, et autres grands dignitaires de la couronne polonaise, signent l’engagement solennel de faire élire le prince de Conti[2]. Ils veulent un roi « qui puisse rétablir et conserver le culte de la religion catholique, les privilèges de leur précieuse liberté et la gloire de leur nation à présent fort obscurcie. »

Ils ne se soucient pas du prince Jacques, « qui cherche à se faire donner la couronne par des moyens violens, » ni d’un prince allemand dont la puissance serait préjudiciable à la liberté. « Pour ces raisons, disait l’acte d’engagement, nous nous sommes promis foy et parolle de chrestien et de gentilhomme d’élever sur le trône le prince que nous avons jugé le plus digne… c’est-à-dire Louis de Bourbon, prince de Conti, lequel, et non un autre, nous nommerons au temps destiné pour cela… »

Le traité était subordonné à de grandes promesses d’argent : un million d’écus payés comptant, deux autres demandés à Versailles. Une députation de la noblesse polonaise fut envoyée en France. Louis XIV la reçut très froidement. « Je vous recommande, avait écrit Polignac à cette occasion[3], que M. Towienki, l’un des députés, reparte bien content, et, s’il se peut, bien régalé. Si S. M. jugeoit à propos, en le congédiant, de lui donner de sa propre main une bague pour M. le comte Radziejowski, je sçay qu’un si grand honneur toucheroit vivement le

  1. Polignac au Roi, 5 octobre 1696.
  2. Dépêche du 18 octobre.
  3. Polignac à Torcy, Varsovie, 23 décembre 1696. A. E. Minutes de Polignac, vol. 94, f° 212.