sont prêts et si, ce qui est malheureusement peu probable après le temps perdu, le budget est alors voté, la Chambre pourra aborder dès le mois de janvier des discussions nouvelles. Répondant à une question de M. Charles Benoist, M. Briand a d’ailleurs déclaré qu’après les dernières séances de la Chambre, il était plus partisan que jamais de la réforme électorale.
Mais le passage le plus important et le plus anxieusement attendu de la Déclaration ministérielle est celui qui se rapporte à la situation des travailleurs de tous ordres et au droit de grève. Il y a là des indications qui ont besoin d’être précisées et complétées ; toutefois, dans l’ensemble, elles sont satisfaisantes et si le Parlement entre dans la voie que lui ouvre M. le président du Conseil, s’il y marche résolument sans se laisser distraire du but à atteindre par toutes les diversions où on essaiera de l’entraîner, s’il vote enfin, après les avoir étudiées et améliorées, les lois qui vont lui être proposées, le pays ne lui en demandera pas pour le moment davantage : il estimera que la législature a été bien remplie.
La grève des cheminots n’a pas créé une situation nouvelle, loin de là ! elle a révélé une situation ancienne à laquelle il est urgent de porter remède. Deux choses sont à distinguer, et la Déclaration ministérielle ne manque pas de le faire : les actes de sabotage, qui sont des crimes de droit commun pur et simple, et l’exercice du droit de grève dans les conditions et avec les limites qu’il convient de lui fixer. Le sabotage, tout le monde le désavoue, et lorsque ses auteurs sont connus et traduits devant les tribunaux, ils sont condamnés ; mais, à côté de ceux qui s’y livrent, il y a ceux qui y provoquent, et ces derniers échappent le plus souvent à l’action de la loi. La Déclaration signale le mal, le qualifie d’intolérable et continue en disant : « Il conviendra de renforcer la législation existante au moyen de dispositions qui atteindront aussi bien ceux qui provoquent à ces actes que ceux qui les commettent ou tentent de les commettre. » Ici, en effet, on ne saurait être trop sévère, et nous n’hésitons pas à dire trop impitoyable, lorsque le sabotage met en danger des existences humaines et qu’il est, en réalité, une forme agrandie du meurtre. Mais ce n’est pas là le côté le plus difficile de la législation qu’il s’agit de faire ou de compléter. Les lois syndicales ont des lacunes autrement graves, et la Déclaration les signale. Elle commence par dire que les libertés syndicales sont sacrées, intangibles et qu’il ne peut être question d’y toucher. Soit, c’est aussi notre sentiment, à la condition que, comme la Déclaration le dit d’ailleurs, la