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un genre littéraire un peu épuisé depuis près de cent ans de gouvernement parlementaire en France et depuis quarante ans de république ; mais aujourd’hui, à côté des vieilles questions sur lesquelles il existe une phraséologie toute faite, phraséologie que M. Briand n’a vraiment pas cherché à renouveler, de nouvelles ont surgi : ce sont elles qui ont rendu nécessaire, du moins on nous l’a dit, la composition d’un nouveau Cabinet, et c’est par conséquent sur elles que nous attendions des explications avec impatience. On nous les a fait attendre. La Déclaration est longue ; elle parle de beaucoup de choses, presque de tout, pour aboutir à l’assurance que si la législature actuelle donne à tant de problèmes complexes une solution décisive, ce sera une belle législature, et en effet on n’en aura jamais vu de pareille. Le chapelet, — pardon de ce mot qui sonne mal, — commence par l’affirmation de la laïcité du gouvernement et de l’école, et de la défense de cette dernière contre les entreprises hostiles, etc. En écoutant cette partie de la Déclaration, on se demandait pourquoi M. Doumergue avait quitté le ministère de l’Instruction publique. Partisan de la laïcité, nous le sommes sans doute, quoiqu’il faille s’entendre sur le mot ; mais ne peut-on pas dire de la laïcité ce qu’on a dit autrefois de la démocratie, à savoir qu’elle coule à pleins bords ? Que pourrait-on encore y ajouter ? Mais passons sur tout cela ; nous y reviendrons quand il le faudra : il n’y a vraiment aujourd’hui que deux questions urgentes, la question électorale et la question qu’il faut bien appeler sociale, faute d’un autre mot plus précis.

M. Charles Benoist a rappelé à M. le président du Conseil l’intérêt qui s’attache à la question électorale. La Déclaration ministérielle en avait dit un mot ; comment aurait-elle pu la passer sous silence ? Le gouvernement a déposé un projet de loi sur le scrutin de liste avec représentation proportionnelle. Il n’est pas très bon et, s’il était voté tel quel, il ne donnerait certainement pas au pays la satisfaction attendue ; mais il n’est pas intangible, et le gouvernement se garde bien de le donner comme tel. Ce projet est soumis à la Commission du suffrage universel, qui l’a accepté comme canevas de ses travaux. Le gouvernement attend, comme nous, ce qui en sortira. Bien que, par un de ces à-coups dont il faut prendre son parti dans les assemblées parlementaires, M. Charles Benoist n’ait pas été nommé président de la Commission du suffrage universel, il en est un des membres les plus influens, et cela nous rassure. La courte session qui vient de s’ouvrir au milieu de tant d’agitations doit être consacrée au budget. Que les Commissions travaillent. Si leurs rapports