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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/487

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LA GUERRE DE 1870
LA PRÉPARATION


I

La Droite, grâce à l’intolérable soufflet de Bismarck, avait sa guerre ; elle voulut avoir son ministère. Clément Duvernois dit à ses rédacteurs du Volontaire : « Maintenant que nous allons entrer dans la victoire, Emile Ollivier ne manquera pas de revendiquer l’honneur d’avoir conseillé et voulu la guerre, lui qui en a été l’adversaire le plus énergique et le plus violent ; mais s’il oublie ainsi sa résistance et l’opposition qu’il a faite, je saurai la lui rappeler et le ramener à son passé. » Puis, s’adressant à l’un d’eux : « Voilà, ajouta-t-il avec son gros rire, voilà, mon cher ami, de la pâture toute fraîche pour vos Echos parlementaires ; préparez-vous à me l’accommoder à la sauce piquante, ainsi que vous avez déjà fait quelquefois. »

Un des auxiliaires de la Droite, fils de l’ancien ministre de l’Instruction publique, Albert Duruy, homme de noble courage et de talent, commença l’attaque dans la Liberté : « Le cabinet dont le chef déclarait, il y a huit jours, qu’il voulait la paix, qu’il la voulait avec passion ; le cabinet qui, après avoir fait la déclaration du 6 juillet, est venu dire à la tribune qu’il se contenterait de la renonciation du prince de Hohenzollern ; le cabinet qui a hésité pendant huit jours à profiter de l’occasion qui s’offrait à lui pour venger Sadowa ; le cabinet qui, après s’être laissé berner par le maréchal Prim, a supporté jusqu’aujourd’hui le silence outrageant de la Prusse ; le cabinet