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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/493

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conserveraient-ils la force de parer à l’effrayante multiplicité de sollicitudes qu’exige la direction politique d’une grande guerre ?

Pour vaincre notre résistance, les intrigans imaginèrent de recommencer une manifestation extra-parlementaire, analogue à celle des 116. Ils offrirent à la signature des députés une lettre par laquelle, passant par-dessus nous, ils priaient le président Schneider d’obtenir de l’Empereur que la Chambre fût ajournée et non prorogée. Je déclarai que si cette lettre réunissait la majorité des signatures, je me retirerais. De son côté, l’Empereur fit savoir que, quel que fût le nombre des pétitionnaires, il ne l’accueillerait pas. Quarante-cinq députés seuls adhérèrent.

D’ordinaire le décret de clôture était, avant d’être, inséré au Journal Officiel, lu à l’assemblée par le président auquel il avait été auparavant communiqué. En temps de crise, cette habitude donnait à l’opposition le moyen de provoquer des scènes violentes, de faire du bruit et d’exciter des mouvemens au dehors. Je voulus prévenir ces inconvéniens en introduisant la pratique nouvelle d’insérer le décret de clôture au Journal Officiel sans le lire à l’assemblée. J’annonçai donc au président que la session serait close et que la Chambre n’en serait instruite que par l’insertion du décret au Journal Officiel. Jules Favre ne laissa pas échapper l’occasion de faire la scène attendue. L’ordre du jour épuisé, il demanda, le 21 juillet, quel parti le cabinet avait pris vis-à-vis de l’assemblée. « Dans les circonstances où nous sommes, il importe de savoir ce que nous allons devenir ; si nous cesserons d’exister légalement par un décret de clôture de session, ou si, au contraire, comme le plus grand nombre de nous le désire (Voix nombreuses : Non ! non ! ), nous resterons prêts à nous réunir au premier signal sur une indication de notre président, conservant ainsi notre indépendance et notre autorité, que, dans de pareilles circonstances, surtout, nous ne devons subordonner à aucun pouvoir. » (Très bien ! très bien ! à gauche.) Je ne me prêtai pas à la scène, j’y coupai court : « Le Gouvernement se conformera à la Constitution et, sous sa responsabilité, il donnera à l’Empereur le conseil qu’il jugera le meilleur ; mais il ne pourrait, sans violer lui-même les règles constitutionnelles, accepter une discussion sur l’exercice de la prérogative impériale. » (Exclamations et murmures à gauche. — Marques très vives d’approbation à droite et au centre.) « Je