arrogans. Ils comprirent que leurs phrases ne pouvaient rien contre un arrêté du quartier général, et que ce qu’ils avaient de mieux à faire était d’obtenir un adoucissement à la règle établie.
Ils vinrent parlementer dans mon cabinet, où se trouvait aussi Chevandier, le 30 juillet à cinq heures du soir. Ils se montrèrent polis, concilians ; je fus de même. Je leur expliquai de nouveau la portée, de la loi et je leur lus le billet suivant de Conti, qui précisait très bien comment l’Empereur la comprenait : « Monsieur le garde des Sceaux, les journaux se plaignent de ne pouvoir rendre compte, non seulement du mouvement des troupes, mais même d’aucune circonstance de guerre ; ainsi ils affectent de se croire obligés à un silence absolu sur l’affaire du général Bernis. L’Empereur estime que cette interprétation de la loi au sujet du compte rendu des opérations militaires est excessive. Sa Majesté me charge de vous dire qu’Elle ne verrait aucun inconvénient à ce que, muette sur la marche et l’emplacement des diverses parties de l’armée, la presse puisse cependant entretenir ses lecteurs des autres faits de campagne, notamment des rencontres et engagemens qui viendront à se produire. » (27 juillet.) Les lois ne sont jamais polies, mais l’application qu’elles reçoivent peut l’être plus ou moins, et je dis que j’avais donné des instructions précises pour que celle du 21 juillet fût appliquée avec ménagement.
Les journalistes insistèrent sur la présence des correspondans à l’armée. Ils demandèrent que les chefs de corps ne fussent pas empêchés de recevoir à leur quartier général qui bon leur semblerait. Texier, qui avait fait comme correspondant du Siècle la campagne d’Italie, raconta les services que les correspondans y avaient rendus ; il rappela que la presse avait contribué à faire réussir la démonstration de l’armée française du côté de Pavie en vue de cacher le mouvement véritable sur le Tessin et Magenta. Si le correspondant se permettait quelque indiscrétion, cette indiscrétion serait connue de l’état-major qui lit tous les journaux, et l’auteur en serait puni par l’exclusion à laquelle il se trouverait exposé ! J’écoutais avec une attention dans laquelle entrait un peu d’assentiment, car, toutes ces affirmations n’étaient pas fausses. Mais je répondis que la question n’était pas de ma compétence et que je ne pouvais que transmettre ces désirs au major général et à l’Empereur. La plupart