des journalistes parurent satisfaits de cette entrevue. D’autres prétendirent que je n’avais rien concédé, que ce n’était pas la peine d’avoir fait le voyage du ministère de la Justice à la recherche d’une solution conforme à leur liberté et à leurs devoirs envers le public.
Certainement il y avait quelque chose d’irritant et de factice dans ce désir immodéré de nouvelles, exploité à la fois par les révolutionnaires, par les spéculateurs, et par les trafiquans du journalisme. On ne devait aucun égard aux trafiquans et aux spéculateurs ; il fallait au contraire tenir grand compte des angoisses des femmes, des enfans, des parens, des amis, que les combattans laissaient derrière eux. Afin qu’ils ne fussent pas privés de renseignemens rapides, nous établîmes au ministère de l’Intérieur un bureau spécial destiné à donner, de huit heures du matin à minuit, les nouvelles officielles au fur et à mesure qu’elles arriveraient. Chaque journal, sans acception de partis, fut invité à accréditer un de ses rédacteurs auprès du ministère. (27 juillet.)
Il n’était possible d’obtenir la réserve des journaux qu’en parlant soi-même et en fournissant à la curiosité publique des informations promptes, circonstanciées, rédigées avec un certain art. Mais les bulletins qu’on nous envoyait du quartier général, secs, gauches, étaient loin de satisfaire à ces exigences. J’écrivis donc à l’Empereur, en lui rendant compte de l’entrevue avec les journalistes, que s’il croyait devoir maintenir l’exclusion des correspondans du quartier général, il était indispensable d’organiser des correspondances n’ayant pas la sécheresse des bulletins officiels et donnant des détails intimes, pittoresques, saisissans qu’auraient communiqués les correspondans des journaux si on les avait admis.
Aucune de ces mesures, prises en dehors des Chambres, n’est relative à l’action militaire. Nous tenions à y rester absolument étrangers, ne voulant pas en devenir responsables. Je ne pense pas qu’il y ait lieu de nous reprendre d’avoir accepté cette situation. L’immixtion de l’élément civil dans la direction purement militaire de la guerre m’a toujours paru une confusion d’attributions, dont je m’étonne qu’un militaire consente à se rendre l’approbateur. Louvois, et, après lui, Louis XIV, dirigèrent de Versailles les opérations de généraux tels que Condé, Turenne, Luxembourg ; mais cette direction, rarement utile, fut