réseaux métropolitains, grève souvent annoncée, une première fois en 1898, une seconde fois en 1909, mais que l’opinion publique considérait comme une vaine menace. Pendant plusieurs jours, la circulation a été très sérieusement entravée sur le réseau du chemin de fer du Nord et presque suspendue sur une notable partie du réseau de l’Ouest-Etat ; des actes nombreux et odieux de destruction et d’attentat contre les trains, de sabotage, suivant l’expression reçue, ont été commis. Le gouvernement dut recourir non seulement à l’armée, mais à un procédé réservé pour le cas d’immense péril national, à savoir la mobilisation du personnel des chemins de fer. Heureusement, la grève, dès le premier jour, avait avorté sur les réseaux de trois des principales Compagnies, celles de Paris-Lyon-Méditerranée, de l’Est et de l’Orléans ; elle trouva des partisans, mais tardivement et d’une façon sporadique, sur le réseau excentrique de la Compagnie du Midi. L’ordre public triompha.
A la Chambre, M. Briand a remporté deux victoires successives, quoique, par la composition étrange de son second ministère, il ait écarté de lui des concours qui, autrement, lui eussent été acquis.
S’ensuit-il qu’on doive appliquer le proverbe émollient : Tout est bien qui finit bien ; que la victoire de l’ordre puisse être regardée comme certaine et que le public, lui, puisse avoir dans l’avenir une confiance sereine ? Ce serait, certes, là un excès d’optimisme.
L’assaut syndicaliste, jusqu’ici incomplet, se renouvellera certainement contre les pouvoirs publics, et, d’une façon plus générale, contre la société moderne. Est-il interdit de penser que cet assaut pourrait être, à force de préparation, plus général, plus intense et plus soutenu qu’il ne le fut dans ces journées d’octobre ? L’hypothèse d’une révolution syndicaliste doit-elle être tenue pour définitivement écartée ? Ne vaut-il pas la peine, au contraire, de l’examiner, de voir les ressources dont elle disposerait, et de rechercher les moyens de la prévenir ou de la réprimer ?
Cette étude s’impose à notre sens, et pour la bien conduire, il importe de jeter un coup d’œil rapide, d’une part, sur la législation et l’essor des syndicats en France, d’autre part, sur les grèves retentissantes des dernières années.