obtiendraient toujours quelque satisfaction : ce serait un chantage permanent, qui aurait des conséquences financières désastreuses. Les garanties les plus efficaces pour le personnel des services publics et les seules qui ne soient pas incompatibles avec l’intérêt général, ce sont les nécessités du recrutement, obligeant à conformer les salaires et les traitemens aux exigences légitimes et même aux simples convenances ; c’est aussi la surveillance et le contrôle de l’opinion publique.
On modifierait la loi sur la constitution et le fonctionnement des syndicats, et l’on en comblerait les lacunes ; les unions de syndicats professionnels, que l’article 5 de la loi de 1884 autorise en termes très vagues, ne seraient permises désormais qu’entre syndicats similaires ou connexes. On veillerait aussi à ce que, dans chaque syndicat ou dans chaque union de syndicats, les pouvoirs des membres fussent égaux et que les syndicats minuscules n’eussent pas, dans ces Unions, ce qui est parfois le cas aujourd’hui, autant ou plus de voix que les syndicats comptant un plus grand nombre de membres. On interdirait à tous ces groupemens d’employer ou de préconiser le sabotage ; la provocation et l’incitation à cette pratique seraient assimilées à l’action, ce qui permettrait d’atteindre les meneurs.
Toutes ces modifications seraient utiles. Il faudrait y en ajouter quelques autres, notamment le rétablissement de l’article 416 du Code pénal, indispensable pour contenir la tyrannie syndicale. Nous devons dire, en outre, que, si utiles que soient ces mesures, elles ressemblent à des spécifiques qui, sans un changement de régime général, sans une bonne hygiène sociale et morale, risquent d’être inefficaces.
Au lieu d’une énergie intermittente des pouvoirs publics qui se répand surtout en déclarations, oubliées le lendemain, en projets de loi dont on ajourne le vote ou dont on énerve le texte, il faudrait une énergie soutenue, persistant durant des séries d’années. Les condamnations prononcées devraient être définitives ; les révocations, sauf au cas exceptionnel de manifeste erreur, devraient être maintenues. La fermeté ne devrait pas se démentir. Aujourd’hui, au contraire, les pouvoirs publics pèsent sur les Compagnies pour amener une révision générale des révocations. Les organismes manifestement révolutionnaires devraient être détruits. Comment se fait-il que l’on n’ait pas fermé la Bourse du Travail de Paris avant, pendant ou après la grève des chemins