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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/703

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REVUE DRAMATIQUE

LE THÉÂTRE DE M. ALFRED CAPUS[1]

M. Alfred Capus réunit en volumes les comédies que, depuis tantôt vingt ans, il a fait représenter sur diverses scènes et qui presque toutes y ont obtenu de si heureux ou de si brillans succès. Le quatrième volume de la série vient de paraître, et il en faudra plusieurs autres pour que nous soyons en possession de ce « théâtre complet » qui de longtemps ne sera, et nous nous en réjouissons, que provisoirement complet ; car un premier mérite de M. Capus est l’heureuse fécondité de sa verve dramatique, mais un autre est le progrès qu’il n’a cessé de faire dans le sens qui est celui de la « littérature » au théâtre.

Cette épreuve de la publication en librairie a été l’écueil pour beaucoup des auteurs les plus fêtés. Combien de pièces dont le charme s’évanouit avec l’attrait de l’actualité et le prestige de la représentation ! Et combien d’auteurs dont le théâtre complet n’est que la réédition, à un certain nombre d’exemplaires et sous des titres qui seuls diffèrent, d’une pièce toujours la même ! Mais aussi quand l’épreuve tourne en faveur de l’homme de théâtre, elle est décisive. C’est le cas pour M. Alfred Capus. En lisant ces comédies, et en les lisant à la suite et dans leur ensemble, j’y ai pris souvent plus de plaisir que je n’avais fait en les écoutant. L’acteur à la mode, l’artiste vedette, l’étoile sont parfois de terribles ennemis pour le dramaturge. Ils tirent la pièce à eux. Ils en forcent les effets, ils en faussent le ton, ils en détruisent l’équilibre. Privée de ces redoutables auxiliaires, l’œuvre, redevenue elle-même, reprend son allure véritable, son harmonie et

  1. Alfred Capus : Théâtre complet, 4 vol. in-12 (Fayard)