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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/717

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c’est-à-dire de discussion et de lumière ; tout doit s’y passer au grand jour. La procédure imaginée par le ministère avait un air de conspiration qui devait au moins étonner dans un pays où le fair play est si fort en honneur. Des résistances se sont aussitôt produites. La Chambre des Lords a demandé qu’on lui soumît le bill. On n’avait pas le droit d’escompter son vote au point de s’en passer, et de lui interdire toute discussion sous prétexte qu’elle ne servirait à rien. Devant son insistance, le bill lui a été renvoyé, mais dans des conditions qui restent anormales : on y retrouve la trace des prétentions premières du gouvernement, ou plutôt des sujétions qu’il subit. D’ordinaire, lorsqu’une Chambre est saisie d’un bill, elle l’examine en lui-même, l’amende, le corrige, et le gouvernement le soumet ensuite à une nouvelle délibération de la seconde assemblée. L’accord finit toujours par se faire lorsque le projet correspond à une nécessité politique et qu’il est vraiment conforme au vœu du pays. Les choses se passeront-elles ainsi pour le Parliament bill ? Non, le gouvernement s’y oppose. Il a fait du bill un bloc que la Chambre des Lords doit prendre tel quel sans y rien changer : c’est comme un de ces objets de musée qu’il est permis de regarder, mais auxquels il est interdit de toucher. Et pour que la Chambre des Lords ne se fasse aucune illusion sur l’étendue des droits qu’on veut bien lui reconnaître, elle a reçu signification que, quoi qu’il arrive, la dissolution de la Chambre des Communes serait prononcée le 28 novembre. Que faire en si peu de temps ? La Chambre des Lords, qui sans doute a commis des fautes, qui a eu des torts et les expie cruellement, s’est retrouvée tout d’un coup avec les grandes qualités qu’elle a souvent montrées dans le passé ; elle a fait preuve du plus rare esprit politique ; elle a manœuvré avec une habileté qui a quelque peu déconcerté ses adversaires. Renonçant à discuter le Parliament bill en lui-même, elle a voté une série de résolutions qui lui ont été soumises les unes par lord Rosebery, les autres par lord Lansdowne. On avait voulu condamner les lords à l’immobilité, ils se sont mis en mouvement. On avait voulu les priver des droits les plus précieux, sous prétexte que leur origine et leur recrutement ne leur permettaient plus de les exercer ; ils ont proposé de se donner une origine et un recrutement conformes aux principes modernes. Trop tard ! leur dit-on ; il fallait vous réformer plus tôt ; vous le faites maintenant sous le coup d’une nécessité inexorable, et cela fait douter de votre sincérité. Ce reproche lui-même est-il-bien sincère ? Il aurait mieux valu sans doute que la Chambre des Lords n’attendît pas jusque aujourd’hui pour se réformer ; toutefois, si elle