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LA GUERRE DE 1870
LE COMMANDEMENT[1]


I

Le 8 juillet 1870, Le Bœuf tira du tiroir où on le conservait secrètement, en le tenant à jour, le travail de répartition arrêté en 1868 par le maréchal Niel, et il le remit sous les yeux de l’Empereur, en proposant, sauf les changemens inévitables, de s’y conformer. L’archiduc Albert, auquel l’Empereur avait communiqué ce travail lors de son voyage à Paris au mois de mars, avait critiqué la division en trois armées et conseillé la constitution d’une armée unique. Néanmoins, l’Empereur maintint d’abord le projet de Niel, et le 8 juillet au soir, le colonel d’Ornans et le colonel Hartung s’étaient mis, sous la direction du maréchal, à procéder à la répartition du détail. Leur tâche était à peu près terminée ; plusieurs intéressés (Mac Mahon et Bazaine notamment) avaient été prévenus des commandemens qui leur étaient réservés, lorsque le 11 au matin, Le Bœuf s’étant rendu à Saint-Cloud, l’Empereur lui fit connaître qu’il se rangeait à l’avis de l’archiduc et qu’il voulait une seule armée, divisée en huit corps, y compris la Garde, placée sous son commandement unique. Parmi les motifs donnés par lui, le plus déterminant avait été l’opinion de son oncle : « Il ne faut qu’une armée, a dit Napoléon, car l’unité de commandement est de première nécessité à la guerre[2]. »

Le Bœuf résista. Il trouvait déplorable qu’on s’exposât à une

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1907.
  2. Voyez la Revue du 1er décembre 1907.