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s’ajoute à cette riche collection. Chez beaucoup d’hyménoptères le mâle est en général plus petit que la femelle. Or, on constate que les cellules sont inégalement approvisionnées ; que les cellules faiblement approvisionnées contiennent des mâles ; tandis que les autres, fortement garnies, contiennent des femelles. D’autre part, l’approvisionnement est fait avant la ponte, et il est certain que ce n’est pas la quantité des vivres qui détermine le sexe ; car, si on diminue cette quantité dans les grandes cellules, on obtient encore des femelles ; et si on l’augmente dans les petites, on obtient encore des mâles. Il résulte de tout ceci que la femelle connaît, quand elle prépare les vivres, le sexe de l’œuf qu’elle va pondre et auquel ces vivres sont destinés. Elle le connaît même si bien qu’il faut conclure d’expériences de M. Fabre sur des osmies, que la mère pond à volonté un œuf de sexe mâle ou femelle. C’est ainsi qu’une même mère n’a pondu que des mâles dans les quinze cellules d’un nid de chalicodome exploité par elle, parce qu’il avait pris soin au préalable de raser les grandes cellules à la profondeur des petites.

Ces étrangetés se passent autour de nous, tous les jours !

VIII

M. Fabre ne pouvait échapper à la question des origines ; inévitablement il devait rencontrer le transformisme, et il paraît du reste prendre plaisir à le combattre chaque fois qu’il en trouve l’occasion. Son argumentation, ici comme toujours, est éparse dans son œuvre. Nulle part, il n’y a, dans les Souvenirs, de corps de doctrines. On n’y trouve que des études, sans ordre systématique, sur les mœurs d’insectes particuliers. Et ce n’est qu’à l’occasion des faits recueillis, des expériences faites, qu’il porte ses coups. Or, il a nié « à la lumière des faits, » à peu près toutes les idées que le transformisme invoque pour expliquer la formation des espèces. Il dit : « Les faits tels que je les observe, m’éloignent des théories de Darwin. »

Pour lui, d’abord le climat, le milieu, le régime, ont un effet nul sur l’espèce. Rappelons, avant de le suivre, qu’il définit l’espèce beaucoup moins par la structure et par la forme que par les mœurs, les aptitudes, les actes.

À la suite d’une inondation, il a observé l’apodère du noisetier, hôte habituel des montagnes, sur un verne des bords de