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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 60.djvu/896

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pas cent mètres autour de leur nid, y reviennent très rapidement si on les en éloigne de quatre kilomètres. Pour les transporter, ils sont mis dans des cornets de papier enfermés dans un sac. L’itinéraire est compliqué autant que possible, par des allers et retours, des circuits sinueux. De temps en temps on fait tourner le sac à bout de bras, comme une fronde, pendant qu’on tourne soi-même. On met sur la route du retour l’obstacle d’une colline à franchir, d’un bois à traverser. Cependant, aussitôt lâchés, les insectes, sans exception, prennent exactement la direction du nid. Expériences faites sur la demande de Darwin, le magnétisme est hors de cause. Il y a là un mystère.

Le sens de l’étendue libre est un autre mystère. Les cocons des osmies sont empilés en file dans des tubes fermés à un bout et orientés dans toutes les directions. Or la sortie se fait toujours par le bout libre.

Jamais tentative n’est faite à l’opposé. C’est ce sens aussi qui dirige le sirex. Ni la structure du bois, ni une influence calorifique ou magnétique ne peut être invoquée : M. Fabre le démontre.

Les osmies encore n’hésitent pas à traverser les cocons intercalés sur leur route libératrice, quand ils contiennent des étrangers ou des larves mortes. Et là non plus nous ne soupçonnons pas leur moyen d’information.

Il faut aussi peut-être attribuer un sens météorologique à quelques espèces. M. Fabre croit interpréter correctement ses observations sur la processionnaire du pin en lui attribuant un moyen de percevoir les grandes fluctuations atmosphériques. L’organe en serait des boutonnières dorsales enfermant des hernies. La chenille doit sortir pendant les nuits d’hiver ; or il y a concordance assez exacte entre les oscillations du baromètre et les décisions d’un troupeau observé à ce sujet. Quand le premier baisse, il reste au logis.

Ajoutons encore des cas que Lœb appellerait des tropismes, en ne faisant d’ailleurs que donner un nom à un mystère de la sensibilité. Les pucerons se précipitent vers la lumière de telle sorte que des grains de plomb, lâchés d’en haut, ne tombent pas avec plus de vélocité. Les jeunes des araignées montent, escaladent tout droit ; le minotaure descend en terre verticalement.

Une information plus remarquable que celles qui précèdent