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faire, insouciantes de l’œuvre achevée. Mais leur vengeance exercée, les premiers ne continuent pas leur brigandage ; ils se remettent à leurs travaux normaux. Ainsi le rapt se produit dans les conditions naturelles. En le recommençant, la mère peut créer une méthode d’installation des plus favorables pour elle et les siens. Cependant elle n’en fait rien et ne devient pas parasite. « Je réclame, dit M. Fabre, un dérivé du chalicodome des hangars vivant de l’art de crever les plafonds. »

Quant au mimétisme, M. Fabre se fait fort, à chaque cas, d’opposer en foule des exemples qui lui sont contraires, de montrer que c’est une loi qui, sur cent cas, présente quatre-vingt-dix-neuf exceptions. Bornons-nous à l’examen du cas de la volucelle, dont on fait un exemple frappant de mimétisme. Elle ressemblerait à la guêpe pour s’introduire impunément chez elle. Mais la guêpe n’est pas si sotte, ni la volucelle aussi rusée qu’on l’affirme. Le poliste, guêpe lui-même, à tel point que le spécialiste seul ne les confond pas, est infailliblement reconnu et perdu s’il prend pied sur les gâteaux. D’autre part, des diptères pénètrent chez la guêpe tout à leur aise, En réalité, la volucelle est utile à la guêpe, elle nettoie ses enfans, débarrasse le guêpier de ses morts ; et elle est accueillie en auxiliaire. Loin de nuire, elle assainit. Ennemi, elle serait exécutée. Et le mimétisme de la volucelle est une puérilité. M. Fabre l’abandonne aux naturalistes de cabinet, enclins à voir le monde des bêtes à travers l’illusion des théories.

D’ailleurs, l’imitation serait très mauvaise tactique, car, ici, le pire ennemi, c’est le collègue. Une osmie, une antophore, un chalicodome qui met la tête à la porte de sa voisine est immédiatement chassé. Nous savons, au contraire, que l’insecte laisse en paix un parasite qui se présente.

Le transformisme exploite beaucoup aussi l’idée d’acquisitions graduelles dues au hasard. En s’accumulant peu à peu, elles produiraient à la longue des organisations compliquées. Les mœurs et les organes seraient alors les intégrales d’infiniment petits acquis, par un long progrès, sur la route sans limites de la durée. M. Fabre réfute encore cette vue. Considérons le cas de la scolie. Il y a pour le succès de l’antique scolie une suite de conditions, chacune avec des chances presque nulles, et dont l’ensemble se réalisant est une absurdité mathématique, si le hasard doit-seul être invoqué. 1o Il faut des larves exception-