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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Aux agitations produites par la grève des cheminots, la reconstitution du ministère, les interpellations de la Chambre, a succédé un calme relatif, mais peut-être provisoire. Le budget était là, qui attendait ; la Chambre a dû s’y mettre et la discussion s’en poursuit, d’une manière normale, sans attirer grande attention. S’il en est ainsi, c’est que le budget et sa discussion n’ont rien de remarquable. Les préoccupations vont ailleurs : elles se portent sur la question de la représentation proportionnelle, qui s’imposera aux délibérations de la Chambre dès que le budget sera voté, et sur les projets de loi que le gouvernement prépare pour prévenir le retour d’une grève des cheminots. Il en a fait connaître les dispositions générales par des notes communiquées à la presse et l’opinion s’en est émue.

On se demandait, et d’ailleurs on se le demande encore, quelle serait l’attitude finale du gouvernement à l’égard de la représentation proportionnelle. Avant les élections dernières, M. Briand s’était montré peu favorable à la réforme ; s’il en admettait la nécessité du bout des lèvres, c’était seulement pour l’avenir ; on était, disait-il, trop près des élections pour avoir le temps de la faire, et au surplus il laissait, ou même il faisait entendre qu’il la concevait tout autrement que M. Charles Benoist et ses amis. Comment la concevait-il au juste, on n’en savait trop rien ; il y avait quelque hésitation dans sa pensée, quelque équivoque dans son langage. Cependant les proportionnalistes ne lui en ont pas tenu rigueur à ce moment, parce qu’ils se rendaient compte de ses obligations envers la majorité qui le soutenait et qu’il devait ménager. Cette majorité, issue du scrutin d’arrondissement, lui restait secrètement, sournoisement fidèle, même lorsque, débordée par le mouvement de l’opinion, elle se sentait contrainte à le répudier. Elle ne le faisait que verbalement et pour la