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Une circulaire de Falk, datée du 19 janvier 1874, s’essayait à faciliter l’érection de paroisses vieilles-catholiques ; sans croire beaucoup au succès des nouveaux apôtres, il calculait le concours qu’on pouvait attendre d’eux, en profitait et les secondait de son mieux, sans beaucoup d’entrain ni d’espoir, mais avec loyauté. Il ne fallait pas que l’État prussien pût se reprocher d’avoir eu sous la main une Eglise serviable et de l’avoir, par négligence, laissée végéter ; on se mit en frais, même, de complimens royaux, pour tâcher de lui infuser quelque sève. Guillaume, dans une lettre, glorifiait chez l’évêque vieux-catholique Reinkens cette conviction que le « respect de la loi prussienne était compatible avec la pratique religieuse de toutes les confessions, pourvu qu’elles se souciassent de la paix de l’homme avec Dieu ; » et l’Empereur souhaitait que cette opinion de Reinkens se propageât « dans des cercles toujours plus vastes. » Puis ce fut le tour de Falk, lourd et maladroit, d’expliquer au Landtag que l’hostilité contre Rome formait entre les vieux-catholiques et la Prusse un trait d’union. Vous jetez le masque, lui répondit Mallinckrodt, l’État n’est donc pas neutre ? Et le tribun du Centre accusa tout de suite Falk de violer la loi. Le hasard, éloquent sans le savoir, confirma les invectives de Mallinckrodt. Il advint, quelques jours après, que dans la même séance où Falk se justifia pour avoir supprimé la dotation de l’évêque Kremenlz, 16 000 thalers de traitement furent adjugés à l’évêque Reinkens ; et la main gauche de l’État, qui dépouillait l’Eglise romaine, n’ignorait pas ce que donnait la main droite à l’évêque vieux-catholique.

Mais rien n’entamait la cohésion des catholiques romains. L’État leur montrait la patrie menacée, ils faisaient face avec un sourire. L’État leur indiquait le chemin d’une autre Église qui ne leur demandait aucune souffrance ; ils préféraient leurs souffrances et leur Eglise. « Ils ne voudront pas, s’écriait Mallinckrodt, d’un prélat qui entrera dans la maison par une autre issue que par la porte, qu’un ministre parera d’un manteau d’évêque, et qu’escorteront les baïonnettes. » Alors l’État prussien, saisissant les lois déjà faites, en épia les lacunes, et se préoccupa de les combler.

L’expérience a prouvé, disait Falk, que de simples amendes sont insuffisantes pour maintenir le prestige de la loi et pour briser l’indocilité des évêques ; et l’heure lui paraissait proche