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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/700

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poésie un simple préjugé de caste. Les beaux animaux, « fauves de ménagerie » (J. Lemaître) qu’il mettra à la scène, n’auront ainsi, pour conscience, qu’une extrême « sensibilité » à leur rang.

« Quant au public, pour lui, — qui, seul, est très français, — il y aura, éparse sur l’œuvre une subtile douceur, une tendre réserve : « Ah ! qu’en termes galans ces choses-là sont dites ! » Seuls, parmi les spectateurs, ceux-là seront, quand même, heurtés qui auront surpris le furtif geste, — atroce souvent, — ajouté en secret au texte, et qui va restituer à l’acte toute sa sauvage animalité. Mais ceux qui ignorent que Racine n’est pas tout entier dans son texte, peuvent s’y méprendre.

« En sorte que, si Racine, vraiment, n’a jamais cherché que l’art, il devient très facile à comprendre ; et l’unique sentiment que nous lui devons garder est celui d’une infinie gratitude. »

Alors, quel crime ai-je pu commettre si Racine n’a rien perdu de sa pureté esthétique et semble beaucoup plus simple ?

Qu’il y ait, en un aussi gros livre, des détails erronés, mais c’est humain ! Indiquez-les-moi, et la prochaine édition les aura rectifiés.


* * *

Mais oui, monsieur Faguet, il y a encore des écrivains qui rectifient leurs erreurs !

À ce propos, est-ce que vous ne m’auriez pas fait expier, l’autre jour, la maladresse avec laquelle, il y a douze ans, je vous signalai, candidement, une grosse erreur dans votre Flaubert ?…

Vous commenciez par la description des parens de l’écrivain que vous disiez très différens l’un de l’autre : sang normand et sang champenois.

La mère étant normande, vous l’aperçûtes sous les traits mêmes de Flaubert : forte stature, les yeux bleus, les cheveux blonds, un caractère véhément. Le génie de Flaubert, c’était sa mère et les ancêtres Scandinaves de celle-ci : tous Vikings. (Vous l’avez dit, page 6.)

Hélas ! trois fois hélas !… Bientôt une petite lettre vous arrivait de Rouen, écrite par quelqu’un… que je sais… Flaubert et sa mère ne se ressemblaient en rien. En revanche, Gustave était le portrait vivant de son père, — tout Champenois que fût ce père.