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souscriptions recueillies permirent d’accorder vingt-trois prix composés chacun d’une petite somme d’argent et d’un objet utile, tel qu’une chaufferette, une suspension, un fichu ou une quantité déterminée de pain à prendre chez un boulanger. Le dernier prix se composait de toutes les coquilles cassées. Naturellement, on nomma un Comité avec son bureau et cet aréopage rédigea un règlement intérieur qui, à lui seul, précise le genre de travail des candidates. Il se résume en quelques lignes : les casseuses de noix devaient être munies des accessoires nécessaires au cassage des noix : siège, maluque, pierre ou tablette pour casser 10 kilogrammes de noix et corbeille. Chacune des concurrentes restait libre d’adopter la manière de cassage qui lui convient le mieux. Le signal de l’ouverture du concours fut donné par trois coups de maluque (on appelle ainsi le maillet qui sert à casser les noix) frappés par le président sur un objet sonore. Soixante concurrentes s’étaient fait inscrire. Elles entrèrent en lice aux accords d’une vielle. Le président fit asseoir les dénoisilleuses : le travail commença par le dénoisillage, et se termina par le triage qui consiste à mettre les cerneaux d’un côté, les brisures de l’autre. Chaque tas devait être pesé pour l’édification du jury qui tenait à se rendre compte de la rapidité du travail, de sa propreté et aussi du rendement des noix en cerneaux. La première ouvrière cassa ses dix kilogrammes de noix en douze minutes trente secondes. Elle obtint le prix et fut promenée en triomphe dans Gourdon ; la soirée se termina par un banquet et le bal obligatoire.

Mais le déboisement est peu favorable à l’entretien de ces industries, et c’est bien dommage. Le mal est grand, surtout en ce qui concerne les châtaigniers, dont la destruction a causé dans le Limousin un mal irréparable. Comme ils étaient un des principaux élémens de nourriture, leur disparition a forcément amené de la misère dans les campagnes. Le même fait s’est produit en Corso, où l’on vit principalement de ce fruit qui devient de plus en plus rare, et la disette s’est ajoutée aux maux de toutes sortes dont le pays souffrait déjà à la suite des grèves des chemins de fer, des messageries, etc.

Le Midi a une industrie importante à laquelle il convient de rendre sa place ; c’est la sériciculture. Jadis, chacun « faisait du ver à soie, » mais, par suite de la maladie du ver à soie, de la rareté et de la cherté de la main-d’œuvre, de l’insuffisance des