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LE RELÈVEMENT DE L’INDUSTRIE RURALE.

acheta et revendit pour 53 000 florins de dentelles. L’Impératrice donna le bon exemple en faisant d’importantes commandes ; la Cour et l’aristocratie suivirent ce bel élan. Des écoles professionnelles s’ouvrirent un peu de tous côtés. Le gouvernement, pour ne pas rester en arrière, institua à l’École d’art industriel (Kunstgewerbeschule) un cours de dessin pour la dentelle et un atelier modèle destiné au perfectionnement de la technique de l’aiguille et du fuseau.

En Suède, vers 1874, quelques artistes en renom, auxquels se joignirent des femmes du monde, sous la présidence de la femme du prince héritier, fondèrent la Société des amis du travail manuel (Handarbetets Vänner) dont le but est d’encourager et de pousser dans une voie artistique le travail de la femme. Cette société couvrit le royaume d’écoles d’apprentissage et de perfectionnement ainsi que d’ateliers ruraux. Elle organise des expositions de ses produits et de ses modèles, fait faire à l’étranger, sur les diverses industries féminines, des enquêtes de manière à se tenir au courant des idées nouvelles. Cette même société possède à Stockholm un comptoir d’achat, de ventes et de commissions où le client s’adresse. Il choisit là son modèle que le Comité fait aussitôt exécuter dans l’un de ses ateliers ruraux. Grâce à cette impulsion donnée à l’industrie féminine, les dentelles de Scanie et de Dalécarlie, qui servaient autrefois exclusivement à l’ornementation des costumes nationaux, se vendent et s’exportent très bien.

En Russie, l’État protège efficacement les petites industries du bois, du cuir, de la laine, du fer même, organisant l’enseignement professionnel, faisant des commandes aux syndicats villageois, surtout pour les harnachemens militaires. On conçoit de quelle ressource sont ces travaux au foyer sous d’aussi rudes climats. C’est, non seulement la misère conjurée, mais la démoralisation aussi qui résulterait de l’oisiveté forcée pendant de longs mois de morne et rigoureux hiver.

Une société, sous le patronage de l’archiduchesse Isabelle, fait, en Hongrie, exécuter aux paysannes les somptueuses broderies d’or et d’argent qui ornent les costumes de gala des magnats.

Les broderies artistiques en laine et soie que nous avons admirées, il y a quelques années, au concours des Arts de la femme, étaient dues à l’habileté des paysannes de la Roumanie.