Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la Lande, ce trésorier général des États de Bretagne nommé plus haut, qui réside souvent encore à Paris, bien qu’il se soit démis de ses fonctions ; voici Mme Hérault de Séchelles, une Magon de la Lande, nièce par alliance du maréchal et mère du futur conventionnel ; voici ce brillant jeune homme lui-même, beau, élégant, aimant à papillonner autour des femmes ; il est avocat général au Parlement ; il se fait honneur d’être le protégé de la Reine et rien en lui ne permet de prévoir l’avenir tragique auquel il est voué ; voici enfin le propre frère de Magon de la Balue, Magon de la Blinaye, son cadet d’une année, qui vit habituellement à Saint-Malo, mais qui vient de temps en temps à Paris pour embrasser sa famille. Puis, ce sont des cliens du banquier qui l’estiment et l’aiment, se plaisent à lui rendre hommage en se montrant chez lui ; des gens de finance, fermiers généraux ou banquiers ses confrères, qui saluent dans sa personne le membre le plus important de leur corporation, le plus considéré, non moins grâce à ses alliances et à son immense fortune que grâce à sa réputation de probité.

Le rang que Magon de la Balue occupait à Paris, son frère cadet, Magon de la Blinaye, l’occupait à Saint-Malo, leur ville natale. Il ne s’était pas marié et, malgré son grand âge, il continuait à diriger les entreprises commerciales dans lesquelles il s’était enrichi. Il avait rempli jadis les fonctions un peu honorifiques de gentilhomme de la vénerie et de lieutenant des maréchaux. Mais, depuis longtemps, il ne les exerçait plus. Il se consacrait uniquement à de bonnes œuvres et à la direction de sa maison de commerce qui avait pour principal objet la vente à l’étranger des toiles de Bretagne.

Autour de lui, fixés à Saint-Malo ou dans les châteaux voisins, il comptait un assez grand nombre de parens, et notamment Erasme Magon de la Lande, fils du trésorier général et frère de Mme Hérault de Séchelles. Marié et père de six enfans, dont l’aînée, une fille, devait épouser en 1790 le comte de Saint-Pern La Tour, Erasme Magon de la Lande était à la tête d’un établissement d’armemens maritimes. Le nom qu’il portait, son caractère, le souvenir des services rendus à l’Etat et à la cité par son père et enfin ses relations comme sa fortune, le classaient au premier rang parmi ses concitoyens.

C’était aussi le cas de ses parens, Magon de la Villehuchet et Magon de Coëtizac, deux frères universellement respectés, en