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absolument inutile puisque le plus souvent cet art est désigné sous le nom l’académisme, sous le nom de classicisme, et qu’il est tenu pour être l’aboutissant même des doctrines de la Renaissance. C’est au contraire un art où nous trouvons, comme au Moyen âge, la volonté d’exprimer avant tout, non plus simplement les formes du corps, mais les pensées de notre âme. Et c’est un art qui, malgré son infériorité, aura ce mérite de ne plus s’enchaîner à l’imitation des œuvres de l’antiquité païenne, qui cherchera à exprimer les pensées du monde moderne en se servant des formes que la vie met sous nos yeux.

Quoique les statues aient été très rares à cette époque, nous pouvons cependant en admirer quelques-unes qui nous séduisent par leur sincérité et la noblesse des sentimens qu’elles expriment : l’une d’elles, même, la Sainte Cécile de Stéphane Maderne, cette délicieuse vierge que le sculpteur a représentée telle qu’on l’avait retrouvée après plus de mille ans dans son tombeau, est une des œuvres les plus touchantes, les plus virginales, les plus pures qui soient sorties de la main des hommes.

Si la grande statuaire fut un peu délaissée, il est une autre forme sculptée à laquelle on eut recours, le bas-relief. Michel-Ange avait dit que la peinture était d’autant plus belle qu’elle ressemblait plus à la sculpture : on pense au contraire que la sculpture est d’autant plus belle qu’elle ressemble plus à de la peinture. C’est le bas-relief, cette forme d’art que Ghiberti avait renouvelée au début du XVe siècle, et qui, au XVIe siècle, avait été arrêtée dans son développement par l’influence de la statuaire antique, qui renaît à ce moment et s’associe à la peinture pour parler aux fidèles et les instruire en les moralisant. Et depuis lors le bas-relief narratif et expressif, qui est une des plus heureuses créations de l’art chrétien, n’a pas cessé de passionner les artistes, et, de nos jours, plus que jamais il apparaît triomphant.

Les modèles typiques de cet art sont à Sainte-Marie Majeure dans les quatre tombeaux des papes Pie V, Sixte V, Clément VIII et Paul V, tombeaux qui ne se composent pus simplement, comme celui de Paul III, de la statue du Pape et de doux figures de femmes couchées sur le cercueil, mais qui occupent toute la paroi de l’église et sont couvertes de bas-reliefs disant les actes et les triomphes de la Papauté.

L’école de Bologne n’a pas joué, dans l’art de la sculpture,