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à beaucoup près, le même rôle que dans l’art de la peinture ; cependant un de ses artistes en a dit le dernier mot. Ici encore, comme dans la peinture, elle intervient avec succès pour donner à la Papauté cet art nouveau que les Florentins trop sensuels et les étrangers trop inhabiles ne pouvaient lui offrir. L’homme de génie qui, agissant à l’opposé des voies suivies par la Renaissance, représente plus que tout autre l’art de la sculpture tel que le voulait la Contre-Réforme, est un bolonais, l’Algarde, le maître par excellence de la sculpture narrative et expressive. Pendant toute la première moitié du XVIIe siècle, à côté de la volupté triomphante, il maintient les traditions chrétiennes. Les grands bas-reliefs qui décorent toutes les parois de l’église de Sainte-Agnès sont comme le testament de l’art de la Contre-Réforme.


J’ai déjà dit ici longuement, en étudiant l’École bolonaise, quels furent les caractères de la Peinture de cet âge et je n’ai pas à y revenir. Je me contenterai de rappeler la place prépondérante de cet art qui, plus que la sculpture, convenait à la volonté des Papes d’instruire et de moraliser le peuple. Partout les églises se couvrent de peintures et partout le caractère purement ornemental disparaît pour faire place au caractère religieux. Jamais, depuis Giotto, l’art de la peinture ne s’était mis plus docilement au service de la pensée chrétienne.


Il me reste à montrer comment l’art de la Contre-Réforme s’étendit en dehors de l’Italie et comment il pénétra en France avec ses caractères essentiels : sa tristesse, sa puissance et surtout son caractère religieux, sa marque de haut intellectualisme et de profonde moralité.


MARCEL REYMOND.