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L’ESPRIT DE LA NOUVELLE SORBONNE.

vingt ou trente ans, c’est l’enseignement primaire soudé à l’enseignement supérieur ; ce qui sera, c’est des avocats, des médecins, etc., qui n’auront jamais suivi une classe d’enseignement secondaire. Bien. Facultés de droit, facultés de médecine, grandes écoles restent debout. Mais les facultés des lettres et les facultés des sciences, qui sont dans cette situation particulière, que j’indiquais en commençant, de ne servir qu’à faire des professeurs d’enseignement secondaire ou des professeurs destinés à faire des professeurs de l’enseignement secondaire, ces facultés-là, n’ayant plus d’objet, tomberont tout net.

— Elles auraient toujours pour objet de faire de la science pure.

— Devant qui, puisque, personne n’ayant été élevé par l’enseignement secondaire jusqu’au niveau de l’enseignement supérieur, elles n’auront pas d’auditeurs ?

— Quelques-uns.

— Ce n’est pas pour quelques dilettantes que le pays les entretiendra chèrement. Non, n’ayant que des raisons superficielles d’existence, elles n’existeront plus et voilà tout. Mais d’ici là, quelque rapproché que me semble ce terme, il y a une bien meilleure organisation des facultés et une bien meilleure distribution du travail dans les facultés (celles que je propose ou d’autres) à réaliser, et il faut y songer pour conjurer « la crise ; » ou, à parler moins tragiquement, pour donner satisfaction aux vœux de ces jeunes gens, vœux un peu confus, mais dont quelques-uns sont très légitimes.


EMILE FAGUET.