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LA FILLE DU CIEL. 537 L’Astrologue. — Mes yeux éteints voient dans l’invisible; mon esprit, qui médite depuis tant de jours obscurs, est clair- voyant et prophétique. L’Impératrice. — Comment explique-t-il le mystère de ce rêve qui m’obsède? L’Astrologue. — Sous l’apparence d’un serpent, le Dragon lui-même est venu vers le Phénix pour l’enlever et lui livrer des trésors; mais le Phénix n’a pas compris, il a battu des ailes et s’est échappé. Qu’il s’abrite à présent de l’orage terrible que, sans le vouloir, le Dragon traîne à sa suite. L’Impératrice. — Ces paroles sont plus impénétrables encore que le songe. L’Astrologue. — C’est cela que les chiffres ont répondu. L’Impératrice. — Ne peux-tu éclairer ces ténèbres ? L’Astrologue. — Le voile qui couvre l’avenir ne saurait être arraché! En soulever un coin, tout au plus, nous est permis. L’Impératrice. — Mais par là, du moins, devrait- on entre- voir quelque lueur. L’Astrologue. — Que l’on s’abrite de l’orage terrible; que le précieux flambeau, qui éclairera l’avenir, soit mis hors des atteintes du vent. Tel est l’arrêt. Rien de plus. L’Impératrice. — C’est bien. Je méditerai ces énigmes. Va en paix, noble vieillard. L’Astrologue. — Que le ciel propice verse tous ses bien- faits sur la dynastie lumineuse. (Il se retire. Le jour commence à paraître. Les plates-bandes de fleurs qui sont au premier plan, près de. la rampe, déjà s’éclairent : ce sont des fleurs jaune impérial.) L’Impératrice, aux suivantes. — Par grâce, une fois dans ma vie, qu’on me laisse seule ; aucun soin ne m’est nécessaire. Allez ! (Les servantes remontent et rentrent dans le pavillon.; SCÈNE III L’IMPÉRATRICE, seule. L’Impératrice, au bas du sentier impérial, appuyée aux ba- lustres de marbre. — L’« orage, » a dit le vieillard... L’orage, il viendra du Nord comme toujours... Nuées noires à l’horizon