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538 REVUE DES DEUX MONDES. les armées qui s’avancent contre mon simulacre d’empire ; nuées noires, les armées de l’Empereur tartare... Mais co « flambeau qui éclairera l’avenir, » quel est-il?... Ah!... Mon fils, sans doute!... Oui, c’est cela : mon fils!... L’a abriter, » a-t-il dit, le cacher, l’éloigner, peut-être, de ce palais menacé de toutes parts ; me séparer de lui, dans le danger suprême : c’est cela qu’on me demande encore... Toujours l’angoisse, toujours le sacrifice... Et c’est à moi de guider tout un peuple, quand la force me manque pour me guider moi-même... Oh! celles qui peuvent s’appuyer sur un bras robuste ! Oh ! celles qui ont pour les aider les conseils d’un esprit viril et clairvoyant ! Oh ! les épouses qui trouvent dans le cœur de l’époux un refuge à leur faiblesse!... Mais je suis l’Impératrice, moi, et l’Impératrice veuve, seule et trop haute, n’ayant même plus d’égal à qui confier mes anxiétés et mes défaillances... (Elle s’avance au milieu des fleurs du parterre.) Eh bien ! entendez la confession qui m’étouffe, ô vous fleurs du matin, humides de rosée fraîche!... Esprits légers qui planez sur les parterres à l’aube du printemps, écoutez-moi, puisqu’il faut que je parle et que quelqu’un m’entende : cet homme, vous savez, celui d’hier, dont le regard tyrannique et caressant ne ressemble à aucun autre, il a troublé la triste souveraine, et voici qu’à l’heure du grand péril, elle ne s’appartient plus... Il n’est qu’un de ses sujets, et elle aimerait lui obéir... SCÈNE IV LES MÊMES, LA GRANDE MAITRESSE DES CÉRÉMONIES, DEUX SUIVANTES. La GRANDE MAÎTRESSE, sc prostcmant . — Je dois avertir Votre Majesté que l’heure matinale, fixée pour les audiences de congé, est proche... L’Impératrice. — C’est bien. Je rentre. La grande maîtresse. — Tout est prêt pour la toilette de rimpératrice. Quels sont les ordres? L’Impératrice. — Je recevrai ici et en simplifiant, le plus possible, le fastidieux cérémonial. La grande maîtresse, toujours prosternée. — Les devoirs de ma charge m’obligent à faire observer à Votre Majesté que ceci