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prononcer. Il fait adopter, à une écrasante majorité, la notion suivante :


La Chambre reconnaît complètement que le pays a le devoir, à mesure que grandit sa population et sa richesse, d’assumer, dans une plus large mesure, la responsabilité de la défense nationale. La Chambre est d’avis, qu’étant donné les relations constitutionnelles, actuellement existantes, le versement de contributions régulières et périodiques au Trésor impérial, en vue de dépenses navales et militaires, ne constitue pas, pour ce qui est du Canada, la solution la plus satisfaisante du problème de la défense. La Chambre approuvera les crédits nécessaires pour organiser rapidement une force navale canadienne, qui coopérera et sera en relations étroites avec la marine impériale, — et ce, sur les bases suggérées par l’amirauté au cours de la dernière Conférence. — Convaincue absolument que la suprématie maritime de la Grande-Bretagne est essentielle pour la sécurité du commerce, le salut de l’Empire et la paix du monde, la Chambre exprime la ferme conviction, que, chaque fois que le besoin s’en fera sentir, le peuple canadien se montrera prêt et disposé à tous les sacrifices nécessaires pour donner aux autorités impériales une coopération loyale et sincère, en vue de maintenir l’intégrité et de défendre l’honneur de l’Empire.


Sir Wilfrid Laurier se peint, tout entier, dans cet ordre du jour, modèle des transactions opportunistes. Le loyalisme du Canada y est exprimé dans des termes qui défient tout soupçon ; et en même temps les réserves, nécessaires pour rassurer les susceptibilités nationalistes, sont indiquées d’une façon précise. Pas d’union militaire ; pas de flotte commune ; pas de trésor identique. Le Canada fixe lui-même ses crédits et utilise lui-même son argent. Il aura ses escadres et un service autonome. Il n’accepte qu’une étroite coopération et n’admet plus de tribut obligatoire. Il n’est plus une colonie. Il reste un allié. Un siècle de contact avec la politique anglaise a fait l’éducation parlementaire de ces intelligences françaises. Elles évitent l’intransigeance des doctrines. Elles fuient la logique des systèmes. Un sage utilitarisme a pénétré les pensées. Elles savent concilier et réaliser. Et les opportunistes d’Ottawa n’ont plus rien à apprendre de leurs maîtres d’outre-Manche…

La motion du 29 mars 1909 n’est point restée lettre morte. Au cours de l’année financière qui expire le 31 mars 1911, une somme de 3 676 000 dollars a été consacrée à jeter la base d’une force navale. 3 croiseurs du type Bristol et 4 contre-torpilleurs ont été commandés. Deux vieux navires, Apollo et Rainbow, ont été achetés à l’amirauté britannique pour servir de