Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/622

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avenir prochain, les États-Unis auront besoin de la prairie canadienne pour parer à l’insuffisance de leur récolte. Déjà les exportations américaines de blé restent stationnaires et la population urbaine proteste contre le coût des denrées alimentaires.


1895-1899 1900-1904 1905-1909
Etendue cultivée en blé (acres) 39 000 000 46 000 000 46 000 000
Population 71000 000 79 000 000 89 000 000
Récolte de blé (boisseaux) 520 000 000 626 000 000 693 000 000
Exportations de blé et de farine (boisseaux) 171 000 000 192 000 000 113 000 000


Il faut saisir cette occasion, économiser les frais de transport et d’entrepôts, vendre plus cher les fromens et le bétail du Dominion, acheter meilleur marché les charrues et les moissonneuses, secouer le joug des voies ferrées et des industriels syndiqués du Canada.


Ce courant d’opinion, déterminé par des forces économiques dont la puissance grandit d’année en année, ne date pas d’hier.

Lorsque la Commission des Douanes, dont faisaient partie MM. Fielding et Brodeur, entreprit, du 7 septembre 1905 au 9 février 1906, sa tournée mémorable dans le Dominion, elle fut assaillie par les délégations des trois grandes associations agricoles : Dominion grange, Ontario farmers et Manitoba graingrowers. Elles protestèrent contre le projet de surélever le mur des tarifs protecteurs et de prolonger la durée des primes à la métallurgie. L’échec des droits différentiels à la conférence inter-coloniale de 1907, la victoire des radicaux libre-échangistes aux élections anglaises de janvier 1910 précipitèrent le mouvement. L’Association des producteurs de céréales étendit ses ramifications dans le Manitoba et le Saskatchewan. Et lorsque sir Wilfrid Laurier fit, en train spécial, au mois de juillet 1910, un voyage vraiment présidentiel dans l’Ouest, il trouva à chaque gare les industriels du blé, groupés en rangs serrés. A Port-Arthur, le 9 juillet, à Winnipeg, le 15, à Yorktown, le 20, à Melville, le 22, les grands électeurs du parti libéral, dont ils apprécient les vagues tendances démocratiques, firent entendre les mêmes récriminations : la barrière protectionniste doit être abaissée pour laisser librement sortir les stocks de blé entassés et librement entrer les machines