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En 1866, les États-Unis dénoncèrent le traité de réciprocité, dans l’espoir de décider la colonie anglaise à solliciter son incorporation. En 1896, ils se refusèrent dédaigneusement à négocier. Le 11 janvier 1911, sir Wilfrid Laurier a largement vengé ces deux échecs diplomatiques.


1896, nous l’avons montré, est une date dans l’histoire du Dominion. Les négociations de 1911 auront-elles une égale importance ? Et si les industriels canadiens, qu’inquiète la concurrence américaine, les maraîchers et les agriculteurs de l’Ontario, menacés par les jardins de la Californie, ne parviennent pas à faire rejeter le pacte de réciprocité, sera-t-il le point de départ d’une évolution aussi grave, mais en sens inverse, dans les relations. anglo-canadiennes, que celle qu’a déterminée l’échec des pourparlers avec les Etats-Unis, il y a quinze ans ?

Il est certain que l’établissement entre les deux Etats voisins de relations commerciales, sur la base d’une large réciprocité, porte un coup redoutable à l’unité économique de l’Empire, déjà bien compromise.

Tant, que subsisteront les liens nouveaux, il sera impossible à toute conférence inter-coloniale d’envisager la création de tarifs différentiels. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur le tableau ci-dessous :

IMPORTATIONS DANS LE ROYAUME-UNI DE FROMENT (GRAINS ET FARINES) millions de quintaux (cwts).


Années Totales Russes Argentines Américaines Coloniales Canadiennes
1896 99 17 5,9 51 8 6
1897 88 15 0,9 53 7 6
1898 94 6 5 61 17 7
1899 98 2 11 59 20 8
1906 112 15 19 35 35 13
1907 115 10 31 32 21 15
1908 109 4 21 39 26 16
1909 113 17 20 25 44 18


Les chiffres sont lumineux. Depuis dix ans, la part des colonies dans les achats de blés faits par le Royaume-Uni a augmenté régulièrement. Cette hausse compense, et au-delà, le recul des importations américaines. Si ce mouvement continue, il deviendra possible, sans accroître sensiblement le prix du