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soldat de l’Armée du Salut, sachant qu’à la fin de son voyage, il portera une couronne, doit fermement refuser de porter des vêtemens de deuil. Les liens d’affection, qui nous unissaient au défunt, au lieu de nous contraindre à porter un deuil extérieur, doivent nous avertir de ne pas ressembler au monde. Il faut bien comprendre, qu’à l’occasion de l’enterrement d’un corps ; la principale chose à considérer, c’est le salut des âmes, l’accroissement de sainteté et de zèle chez les soldats, la consolation et le perfectionnement spirituel des affligés, et la gloire de Dieu. » Il y a un service de prières à la levée du corps ; les soldats font cortège et accompagnent le cercueil en chantant des cantiques ; au cimetière, on lit des passages de l’Instruction, on adresse un appel à la conversion, on recommande le chant d’un solo par une femme accompagnée du chœur.

L’organisation financière de l’Armée du Salut n’est pas moins intéressante. Les finances sont divisées en quatre sections : 1° le budget mondial, dont l’administration est à Londres ; 2° le budget de chaque territoire ou pays, qui est administré au quartier général du pays ; 3° le budget de chaque division ou province ; 4° le budget local, administré par l’officier chef du poste.

Le budget mondial comprend lui-même cinq chapitres : I. Frais généraux. II. Services étrangers. III. Immeubles. IV. Service commercial. V. Fonds social.

Les recettes des deux premiers chapitres, qui pourvoient aux dépenses de gérance et d’inspection, ainsi qu’aux missions chez les païens, sont alimentées par les dons personnels des amis de l’œuvre, par les bénéfices de la vente des journaux et des traités et surtout par les produits de la Semaine de renoncement dans tous les corps de l’Armée. Ce temps de renoncement est l’effet d’une coutume touchante, imitée des premiers chrétiens. Elle consiste, pour les soldats et les officiers, à se priver, pendant une semaine et en général plus, de certaines jouissances, et de se livrer à des exercices pénibles afin d’accroître les revenus de l’œuvre salutiste. Ce renoncement revêt les formes les plus variées : jeûne, privation de viande aux repas, quêtes à domicile ou dans les rues. Cette pratique, qui n’est pas obligatoire, mais est très générale, a été inventée il y a une vingtaine d’années, à l’époque de la grande expansion de l’Armée du Salut. La première fois, elle rapporta plus de 100 000 francs ; en 1906,