Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/686

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

refuge. Là, on les soumet à une cure d’âme inspirée par les préceptes de l’Evangile et, lorsqu’ils ont fait la preuve d’une conversion sincère on leur procure un emploi, adapté à la profession qu’ils exerçaient avant leur faute. S’ils n’en avaient point, on les envoie dans une colonie agricole. Les résultats, obtenus depuis 1887, même sur des délinquans âgés, ont été des plus remarquables. Quant aux jeunes, l’Armée du Salut a offert aux tribunaux de police de prendre sous sa protection tous ceux qui y consentiraient de plein gré et promettraient de se soumettre à la discipline : l’offre a été acceptée dans des cas nombreux. La méthode consiste à provoquer d’abord un réveil de la conscience et, par là, à exciter le remords, qui amènera la conversion. Cela fait, le salutiste tâche de greffer sur la nature vicieuse le germe de vertu régénératrice. A leur intention, l’Armée a créé des écoles professionnelles, au nombre de 1 830 ; elle possède, en outre, 486 asiles de prisonniers libérés où ont été hébergés, l’année dernière, 2 270 délinquans ; sur ce nombre 2078, soit 91 pour 100, sont sortis, au bout d’un temps variable, avec la note satisfaisante.

Zone intermédiaire. — Celle-ci comprend les indigens vicieux, mais n’ayant pas encore commis de délit. Les deux vices capitaux, de l’avis du général Booth, sont l’ivrognerie, qui engendre les neuf dixièmes des cas de misère, de maladie, de criminalité ; et la prostitution qui, chez les femmes, est le plus souvent la conséquence des salaires de famine. Pour combattre l’alcoolisme, le général Booth a d’abord prescrit à ses officiers la règle de la tempérance : tout officier ou soldat doit s’abstenir non seulement de toute boisson fermentée, mais même de tabac. Puis il a créé la brigade dite de Secours aux ivrognes ; elle se compose d’officiers et d’officières, car on sait. qu’en Grande-Bretagne l’alcoolisme est très répandu chez les femmes. La presse a été mise au service de cette cause ; les journaux officiels de l’Armée du Salut : Le cri de guerre et En avant, publient chaque semaine quelques articles contre l’ivrognerie. On vend le journal dans les cabarets ou aux alentours ; enfin, on fait des conférences anti-alcooliques aux hôtes des hôtelleries populaires.

Voici comment les salutistes procèdent à Londres pour le sauvetage des ivrognes. Une section de la brigade, composée de 60 hommes environ et commandée par un officier, se rend le samedi, de onze heures et demie à minuit, à la porte des