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de l’admirable apôtre que fut Mme Butler, voua une sollicitude active. Elle fonda les Rescue homes ou maisons de secours. Pour cette tâche si délicate du relèvement de la femme tombée, les agens féminins de l’Armée du Salut sont éminemment qualifiés. Ce sont des officières qui administrent ces refuges et les maternités qui y sont annexées. En juin 1909, l’Armée du Salut entretenait des centaines de maisons de relèvement, plus des maternités, soit en tout plus d’un millier d’asiles de femmes. En France, elle possède trois refuges : l’un à Lyon-Montchat, l’autre à Nîmes, le troisième à Courbevoie, près Paris. Dans ce dernier, on peut recueillir 18 jeunes filles tombées, quelques-unes même délinquantes : on en a relevé 4 à 5 par an. Deux sont entrées dans une de nos grandes institutions de Crédit. Sur 7 078 femmes accueillies dans ces maisons, 6 137, soit 86,5 pour 100 sont sorties dans un état moral qui leur a permis de rentrer dans la vie honnête.

L’Armée du Salut ne se contente pas de recueillir ces brebis égarées dans la rue ou dans les maisons mal famées, elle s’efforce de prévenir leur chute. Elle prend sous sa protection les jeunes filles pauvres et en danger moral ; elle les préserve des tentations de la misère en leur procurant de l’ouvrage et en assainissant leurs logis. Ceci est la tâche de la brigade dite des Caves et des greniers, ou plus simplement des Sœurs du bouge. Ces vaillantes femmes s’en vont, le matin ou l’après-midi, armées de balais, d’épongés et de matières désinfectantes, pour nettoyer les taudis infects où croupissent souvent des familles de 6 à 8 personnes. Le résultat obtenu n’est pas seulement une amélioration de la salubrité et de l’hygiène des enfans, mais encore un retour aux habitudes de travail, à la vertu et même au respect de la religion.

La périphérie. — Reste la troisième catégorie, celle des prolétaires sans travail et sans abri ; c’est la plus nombreuse et c’est là que se recrute l’armée du vice et du crime. Le remède évidemment, serait le travail ; mais où on trouver ? Et comment l’appliquer ? Parmi ces miséreux, les uns ont perdu l’habitude du travail et ne s’en soucient guère ; d’autres, et c’est, hélas ! la minorité, ont de la bonne volonté, mais ne trouvent pas d’ouvrage. Le plan, conçu par M. Booth afin de résoudre la difficulté, consiste à établir des colonies ou des ateliers urbains, des fermes à la campagne, et enfin, outre-mer, des colonies