Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/800

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

794 REVUE DES DEUX MONDES. de l’encens, dans la pompe et les atours, j’avais la faiblesse d’une femme. Aujourd’hui, non, vous me retrouvez plus haute et plus inaccessible, précisément parce que je suis vaincue et que je vais mourir. L’Empereur, s’ inclinant devant elle. — Oh ! souveraine, jamais vous ne me fûtes plus sacrée... Ne vous offensez pas de mes paroles et pour un temps encore laissez-moi mon masque et mon mystère. Ecoutez seulement ceci : échappé de ce même palais où, il y a quinze jours à peine, vous m’étiez apparue dans la splendeur impériale, je courais vers Pékin, pour demander à l’Empereur, que vous haïssez tant, d’arrêter l’horrible guerre. En route, j’ai su qu’elles marchaient comme la foudre, nos armées tartares, et j’ai rebroussé, de toute la vitesse de mon navire et de mes chevaux, pour les donner de moi-même, les ordres d’apaisement et de trêve; j’en avais le droit, tenez : voici le sceau qui m’accorde, au nom des Tsin, les pleins pouvoirs. Vous l’avez dit, je ne suis pas de ceux à qui l’on ose désobéir,... du moins en face, quand c’est moi-même qui parle... J’ai appris maintenant comment on ordonne et comineni on impose... Daignez seulement permettre aux vôtres de faire les signaux qui demandent grâce,... rien qu’un pavillon hissé là sur une tour,... et pas une de leurs têtes ne tombera, je le jure... L’Impératrice. — Pour m’offrir cela, prince, il faut que vous ne soyez pas de sang impérial... La Fille du Ciel n’accepte point la merci d’un ïartare !... SCÈNE IV LES MÊMES, PRINCE-FIDÈLE, UN VEILLEUR, puis LE CHEF DES SOLDATS, et LES SOLDATS. LTn veilleur, criant du haut d’un mirador démantelé qui est au faite des rem/iarts. — Une armée, là-bas, là bas!. . Us re- viennent, les Tartares Des milliers, des milliers... Dans le cré- puscule, au loin, c’est comme une traînée noire... Priinci-.-Fidèle. — La distance ? Le veilleur. — Au tournant du fleuve, leur avanl-garde arrive... Ils remontent par la longue avenue de Sitche-Men. Prince-Fidèle. — Allons, leur dernier assaut... Au tournant du Meuve seulement... Donc, il nous reste une demi-heure...