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LA FILLE DU CIEL. 709 Prince-Fidèle, avec un geste comme ’pour V arrêter. — Non, ma divine Impératrice, non!,.. L’heure du repos, hélas! n’est pas venue, ni pour vous ni pour moi... Non ! votre lourde tâche n’est pas achevée encore!... L’I>jpÉRATRicE. — Ma tâche, dites- vous, n’est pas terminée?... Mais le palais n’est plus que ruines, les portes cèdent, les mu- railles croulent... Cette fois, nous ne tiendrons pas dix mi- nutes... C’est la fin !... Prince-Fidèle. — Eh ! je ne le sais que trop, qu’il n’y a plus d’espérance!... L’Impératrice. — Alors, laissez!... Puisqu’ils reviennent, les Tartares!... Tenez, je commence à les entendre sonner, moi aussi, leurs trompes de guerre!... Qu’elle soit prise vivante, votre Impératrice, ou seulement qu’on trouve encore son cadavre pour le jeter aux corbeaux, ce n’est pas ce que vous voulez, je pense ? Prince-Fidèle. — Ecoutez, de ^vkQ,Q...( Il fait signe d’appro- cher à Lumière-Voilée qui venait d’apparaître au fond de la scène. V Impératrice a déposé la coupe sur une pierre.) L’héroïque et dernier eflort que nous comptionsvous demander, nous avions ditîéré de vous le faire connaître... Souffrez que votre conseiller vous le dise, de notre part à tous. Lumière- Voilée, après avoir ployé le genou. — Majesté^ deux cent mille soldats sont morts pour vous... Ces quelques’ centaines, qui restent ici dans nos murs, tout à l’heure vont encore sacrifier leur vie. Voulez-vous donc qu’ils meurent pour une cause perdue... {Il fait signe au chef des soldats de s’ap- procher.) Daignez permettre à leur chef de vous implorer avec nous. Le chef des soldats, après s’être agenouillé. — Fièrement et sans regret, nous la donnons, notre vie, pour la souveraine... qu’Elle fasse aussi ce que nous attendons de son courage, plus grand mille fois que celui de ses humbles défenseurs... Lumière -Voilée. — Majesté, il faut les envier, ces hommes, qui vont mourir si glorieusement et si vite... Notre devoir, à nous, est autre; il est plus long, il est plus terrible. L’Impératrice. — Notre devoir, plus long et plus terrible?... Alors, qu’attendez-vous de moi?... Diles-le, ce qu’il faut faire; l’Impératrice vous obéira, mais dites-le, je ne comprends plus... (Elle repose la coupe d’or.)