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droit de marquer sa préférence pour tel candidat de cette liste, sans qu’il lui fût loisible d’en rayer aucun nom, ni d’y substituer aucun autre nom ; en aucun cas, il n’aurait pu mêler les noms de plusieurs listes, sous peine de voir annuler son bulletin. Cette proposition, d’ailleurs, n’était pas encore formulée que quelques-uns de nos amis les plus dévoués, le Journal des Débats notamment, s’insurgeaient contre elle, et criaient au scandale : « Vous supprimez la liberté de l’électeur ! » M. Briand avait entendu ces cris, et le projet de loi, s’il ne l’édictait pas, impliquait le panachage, c’est-à-dire, par opposition à la liste, bloquée, le droit pour chaque électeur de composer sa liste à son gré, et sans tenir compte du parti, parmi les candidatures légalement déclarées. D’où notre seconde question : « L’article 8 du projet impliquant la pratique du panachage, le gouvernement insiste-t-il pour le maintien de cette pratique ? »

Le président du Conseil répondit : « Le gouvernement demeure hostile à toute disposition interdisant le panachage, et qui, à son avis, serait interprétée par les électeurs comme une mutilation des droits à eux conférés depuis l’établissement du suffrage universel ; il insiste sur les graves inconvéniens que présenterait, dans l’état actuel d’inorganisation des partis, l’interdiction de cette faculté. »

Les deux autres points, quoique importans sans doute, étaient pourtant secondaires, en comparaison de ces deux-là. Pour le mode de calcul à employer, si le gouvernement ne voulait décidément pas du système d’Hondt, parce que c’est un système belge, que pensait-il du système des moyennes, qui en est la transposition et comme la traduction française, par nos mathématiciens les plus éminens ? Puisqu’il tenait au panachage et repoussait délibérément la liste bloquée, que pensait-il du vote cumulatif, pour corriger les abus à redouter et préserver des pièges que le panachage perfidement pratiqué permettait de tendre, par l’innocence même des électeurs, à la bonne foi de tel ou tel parti ? Sur le système des plus fortes moyennes, M. Briand réservait sa réponse ; et, quant au reste, il se contentait de dire : « Le gouvernement n’est pas, a priori, favorable au vote cumulatif qui lui apparaît comme présentant de multiples et sérieux inconvéniens. »

Munie de ces indications authentiques, et dans le cadre qui lui était tracé : quotient électoral tiré du nombre des votans ;