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BISMARCK ET L’ÉPISCOPAT
LA PERSÉCUTION (1873-1878)

V.[1]
LE DESARROI. — LES DÉCEPTIONS (1876-1878)

Les philosophes sont supérieurs à la révolte des faits : ils la bravent ou veulent l’ignorer, et puis ils passent outre. La politique religieuse qu’avaient préconisée beaucoup de nationaux-libéraux, et que Bismarck avait tantôt dirigée et tantôt suivie, était, en dernière analyse, une politique de philosophes, attachés, comme ils disaient, à l’émancipation spirituelle de l’humanité.

Que le Culturkampf désorganisât la vie administrative, qu’il arrêtât l’ascension populaire, c’est de quoi leur parti pris se consolait sans trop de peine : ils aspiraient à faire durer la lutte, jusqu’au jour où l’Allemagne, représentante de l’humanité libérée, aurait écrasé définitivement la puissance romaine. Hartmann, le philosophe de l’ « Inconscient, » n’étant ni député, ni ministre, se dispensait de toutes précautions de langage. Il dissertait avec passion sur la nature historique de l’Eglise et de l’Etat, sur l’incompatibilité de leurs prétentions, sur l’impossibilité logique d’une paix religieuse, sur la nécessité de prolonger la lutte jusqu’à la suppression définitive du papisme, sur le devoir qui s’imposait à l’Etat de faire une guerre d’extermination. A la fin de 1875, il ajoutait à l’un de ses articles un

  1. Voyez la Revue des 1er octobre et 1er novembre 1910 et des 1er janvier et le mars 1911.