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se soulevèrent. L’État leur imposait, en chaque village, un maître de catéchisme dont l’Église n’avait pas vérifié les aptitudes et dont elle n’aurait plus le droit, en cas d’insuffisance ou d’incartade, de faire cesser les leçons : ils n’acceptaient pas cette nouveauté. Les catholiques vaincront, s’écriait le Mercure de Westphalie, et le prix de la victoire, ce sera l’école. Oui, ripostait Reichensperger au Landtag, nous bataillons pour emporter ce prix. Dans le diocèse de Paderborn, les prêtres d’un doyenné se concertaient pour exiger des instituteurs la mission canonique : ils recevaient de Falk l’avis que l’école leur devenait fermée, et de Pie IX une bénédiction.

Ces incidens apparaissaient, avec une netteté chaque jour plus alarmante, comme les épisodes d’un plan d’ensemble qui aboutirait à la sécularisation complète de l’école. Déjà l’idée confessionnelle se voilait ou disparaissait dans les « livres de lecture » que les autorités scolaires mettaient entre les mains des enfans. On voulait qu’à l’avenir ces ouvrages eussent un caractère exclusivement national ; et, tandis que les livres destinés aux écoles évangéliques avaient licence d’attaquer l’Église romaine, d’autres recueils, composés dans un esprit catholique pour les petits catholiques, semblaient sans cesse à la veille d’une disgrâce.

Discrètement, mais sûrement, progressait l’institution des écoles simultanées où les enfans des deux religions trouvaient accueil : on n’en créait pas, ou presque pas, dans le pays de Trêves ; car la minorité, très restreinte, des petits protestans y aurait été comme enveloppée d’une atmosphère catholique ; mais, ailleurs, là où la Réforme était prépondérante, l’intégrité d’âme des petits catholiques n’inspirait pas à l’État les mêmes scrupules, et une lettre officielle de Falk, du 16 juin 1876, prévoyait avec complaisance que l’ouverture d’écoles simultanées pouvait résulter, soit de nécessités pédagogiques, soit du désir des pouvoirs communaux, soit de l’assentiment des diverses autorités religieuses. Discrètement aussi, mais non moins sûrement, Falk visait à effacer le caractère confessionnel des écoles normales : c’était sa tactique, dénoncée dès 1874 par Mallinckrodt, de créer tout doucement des faits acquis, contre lesquels ensuite ne prévalait plus aucune plainte, aucune objection.

Le vieux maître d’école, brave homme simple, heureux de son sort, était en voie de disparition : un nouveau personnel