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La création du port de Constantza, réuni à Bucarest par un chemin de fer et un grand pont sur le Danube, a été l’événement le plus considérable de la vie économique de la Roumanie. Le port de Constantza est parfaitement aménagé, son trafic grandit de jour en jour. Le mouvement des bateaux était déjà de 1 684 000 tonnes en 1906. L’État y a créé une ligne de navigation dont les beaux vapeurs font un service régulier très recherché de Constantza à Alexandrie d’Egypte.

La Roumanie avait besoin, pour compléter son outillage économique, du concours des capitaux et de la science technique des étrangers qui, naturellement, ont absorbé une grande partie des profits. Mais le pays entre dans une phase nouvelle de son développement ; le spectacle des richesses que recèle leur patrie a excité l’émulation des Roumains ; ils ont profité de l’enrichissement que les capitaux étrangers apportent chez eux, et maintenant, c’est eux-mêmes qui prennent l’initiative de nouveaux perfectionnemens agricoles et de nouvelles créations industrielles. Les dernières lois sur la propriété paysanne ont été demandées par les grands propriétaires eux-mêmes ; ils se rendent compte qu’ils ne perdront rien en aidant, fût-ce au prix d’un sacrifice, à la constitution de petits domaines autour de leurs grandes terres patrimoniales. A la suite des terribles émeutes rurales de mars 1907, l’urgence d’une réforme apparut ; il fallait mettre les paysans à l’abri de l’usure et leur assurer un domaine qui restât leur propriété inaliénable ; le roi annonça et promit des lois destinées à donner satisfaction à la classe paysanne, et son gouvernement les proposa et les fit voter par le Parlement. En voici les principales dispositions.

Le droit d’affermage est limité : nul ne peut, ni directement ni indirectement, par personne interposée, prendre à ferme ou exploiter comme fermier plusieurs domaines, à moins que leur étendue totale ne dépasse pas 4 000 hectares de terre cultivable ; on a mis fin, par ce moyens au trust des fermages, à l’accaparement des terres par quelques gros fermiers juifs de Moldavie qui obligeaient les paysans à accepter des conditions de travail salarié ou de sous-affermage trop onéreuses.

Les domaines appartenant à l’Etat ou à des institutions de bienfaisance, tous les biens de mainmorte, doivent être administrés en régie ou affermés à des associations paysannes légalement constituées ; ils ne peuvent pas être loués à des particuliers.